29.4.12

Un sénateur trop exotique

Vous souvenez-vous de ce monsieur?
Comment le trouvez-vous?
Lui feriez-vous confiance? Par exemple si vous êtes agent immobilier, à Paris, et que ce quidam vous demande un appartement à louer?
Nom: Mohamed-Soilihi
Prénom: Thani
Profession? sénateur!
Pardon? Oui, sénateur.
On lui demandera une caution d'1 an (oui, 1 an!) de loyer. Pire que les banquiers, les agents immobiliers.
Monsieur Thani Mohamed-Soilihi est un des 2 sénateurs de Mayotte élu en septembre dernier, et c'est ce qui lui est arrivé quand il a voulu louer un appartement à Paris.
Il pense qu'il est victime d'un délit de faciès comme on dit. Et comme c'est un élu responsable, il n'en veut pas à l'employée qui "suit les directives": Mayotte ne serait pas française ...depuis assez longtemps! (non, depuis 1841)
Après réflexion, il pense que sa qualité de diplomate le dessert car le propriétaire du logement en question craint qu'en cas de difficultés, l'État le "protégerait". En fait, son immunité parlementaire ne s'appliquerait pas dans son cas. Mais on veut soumettre son dossier aux Garanties des Loyers Impayés.
Lisez sa tribune en suivant ce lien.
Il y précise son sentiment:
"Mon inquiétude à moi se porte sur la possibilité pour un citoyen, noir et /ou musulman de surcroît, de se loger aujourd’hui à Paris. Dans le contexte économique actuel, qui peut se permettre de réserver un an de loyer sur un compte en banque ?"

Bon, évidemment, il n'est pas devenu SDF, il est allé voir ailleurs, etc, etc...
Mais il pose le problème d'autres personnes dans sa situation et qui sont discriminées.
Merci qui?
On comprend mieux les résultats du premier tour de l'élection présidentielle...
Pouah! Ça sent mauvais ici, j'ai dû oublier quelque chose sur le feu.

28.4.12

Onnerameplusamayotte.yt

AVANT
La rame forte

MAINTENANT
Maintenant, quel changement!

Mais non, point de message politique là-dedans, vous m'avez compris, je suis passé du débit "le plus bas du monde" au débit habituellement pratiqué aujourd'hui.
Fini de ramer donc, à moi le surf!
"Et vous voudriez que je me plaigne? Ça fait trop longtemps qu'on met Mayotte sous le tapis!"
Mayotte vient aussi d'obtenir comme les autres Dom et Tom son extension .yt pour ses sites internet.

27.4.12

L'esclavage à Mayotte

Aujourd'hui, c'est jour férié à Mayotte car c'est le 27 avril qui a été choisi par le Conseil Général pour commémorer l'Abolition de l'Esclavage "dans toutes les colonies et possessions françaises", comme le dit le décret pris par le gouvernement provisoire de la République le 27 avril 1848.
Pourtant, c'est le 9 décembre 1846 qu'une ordonnance du roi des Français Louis-Philippe avait aboli l'esclavage à Mayotte (Il faudra attendre le 1er juillet de l'année suivante pour la voir appliquée).


Dans les autres Dom, la date varie également pour cette commémoration, le 10 décembre à La Réunion par exemple.
Mais il n'y a aucune manifestation officielle de prévue! Pourquoi? L'esclavage est un sujet délicat qui montre que les Mahorais sont mal à l'aise avec leurs origines et leur Histoire.
On ne peut pourtant pas dire qu'il y a eu de véritables esclaves ici comme on entend ce terme en parlant des esclaves africains sur le continent américain. Retour en arrière:
Avant l'arrivée des colons européens, les Shiraziens ont instauré une hiérarchie arabo-islamique dans la société mahoraise qui était plutôt égalitaire. Il y avait les Kabaïla, classe supérieure riche, avec les Charifou (religieux), puis on trouvait les wangwana, classe intermédiaire de personnes libres de naissance et d'esclaves affranchis. Enfin, la classe inférieure était composée de warumwa, importés du Mozambique, esclaves qui pouvaient parfois être affranchis et les makuwa, esclaves africains les plus durement traités.
Mais en 1847, comme depuis plusieurs années, il y a environ 2700 esclaves recensés, plutôt bien traités, et cette abolition laisse craindre un départ de cette population "économique" alors que les premiers investisseurs de Nantes ou de l'île Bourbon (La Réunion) ont besoin de beaucoup de main d'œuvre! Ils veulent développer la canne à sucre.
Alors l'État Français a prévu les contrats d'engagement: « Il y a malheureusement dans l'ordonnance royale du 9 décembre 1846 une clause attachée à la libération du Noir, et que celui-ci ne comprend pas très bien ; c'est celle de l'engagement de cinq années au profit de l'Etat. Cet engagement, aux yeux de la majorité des captifs, c'est la continuation de l'esclavage » 
Les nouveaux affranchis doivent donc s'engager à travailler pendant 5 ans avant d'être vraiment libres! Quand ils ont compris, ils ont dit que l'esclavage continuait et beaucoup se sont enfuis, au Mozambique portugais surtout.
On est donc allé en recruter d'autres en Inde, à Zanzibar, en Arabie, au Mozambique encore et à Anjouan, avec plus ou moins de succès.
Mais des mauvais traitements ont été constatés et en 1856, après une révolte, un arrêté a tenté d'y mettre fin, sans succès. L'immigration intensive a donc continué et elle est restée dans les mémoires comme "travail forcé".
Un siècle plus tard, dans les années 50, les Mahorais se plaignent toujours d'être obligés de faire des travaux forcés, avec entre autres le fitako, la chaise à porteurs de triste renommée, (comme à La Réunion d'ailleurs), qui pouvait conduire en prison en cas de rebellion.
Témoignages:

Le travail forcé a duré jusqu'à la fin de la seconde guerre mondiale laissant, lui, un souvenir vivace. Jana na léo, revue peu suspecte d'hostilité à la France, a recueilli en 1989 quelques récits de survivants du domaine de Combani qui appartenait à la société coloniale maîtresse de l'île : la Bambao.
Boulédi (60 ans): "Qui n'a pas été humilié à Combani ? Beaucoup de nos concitoyens sont morts de maladie à la suite des mauvais traitements qu'ils y ont subis. C'était l'antichambre de l'enfer. " Madi Ali Dziki (65 ans) : "Le pouvoir te désignait comme dans une dictature pour aller travailler au profit des Blancs à Combani. En cas d'absence, même de maladie, on partait en prison. Si on récidivait, on était déporté dans les autres îles. " Said Chamaouni (65 ans): "J'ai refusé la traite de Combani. J'ai été déporté à Anjouan." Baco Ousséni (environ 90 ans) : "J'étais écoeuré par les travaux forcés. J'ai enduré cette peine pendant six mois. Sur un coup de tête, quelques forçats du travail et moi nous sommes portés volontaires pour aller mourir au front s'il le fallait, au lieu d'être humiliés sur place par une poignée d'étrangers sans scrupules. Quand je suis revenu en 1945, j'ai appris qu'un an après mon départ, les Anglais avaient réussi à mettre fin à cet esclavage. " Nahi Moukou (80 ans) : "C'était la plus belle victoire d'un homme privé de sa dignité, de son honneur et de sa liberté. Des Blancs et des miliciens ont été enfermés. Les Mahorais se déplaçaient de la brousse à pied pour voir cet événement insolite. Tous les condamnés pour refus de coopérer avec la Bambao ont pu s'enfuir de prison. J'admirais la bravoure des Anglais. Ce sont des hommes d'une bonté illimitée. Vous les enfants d'aujourd'hui, vous n'avez pas connu l'enfer de Combani. Vous discutez avec les M'zoungous. Vous allez dans leurs écoles, vous parlez, vous mangez avec eux. Vous êtes des téméraires inconscients


"Quand le médecin, le "district" ou le "région" qui était le chef suprême de Mayotte, partait en tournée on le portait sur une chaise en chantant.. Tout refus d'obéissance était sanctionné par cinq à dix jours de prison ferme, des coups de pied et des gifles ... La peur du m'zoungou était telle que même si les porteurs avaient des plaies infectées sur les épaules ou sur la plante des pieds, ils n'osaient pas le dire de peur des mauvaises sanctions".
S'il n'y a pas eu de véritable esclavage comme aux États-Unis d'Amérique par exemple, les Mahorais d'aujourd'hui, en tous cas certains, savent donc ce que leurs ancêtres ont enduré sous l'autorité des Blancs. C'est pour cela qu'ils devraient mieux célébrer ce jour, pour ne pas oublier.
Heureusement que nous en parlons dans nos classes...

26.4.12

Per il bene dei figli

Pour le bonheur de leurs enfants.
Oui je sais, je parle souvent de ces clandestins, mais tant que ce scandale ne cessera pas, je n'en parlerai pas assez.
Cette photo, belle et tragique, je l'ai "prélevée" sur le site de L'internazionale, journal italien, et elle mérite de faire le tour du monde, si ce n'est pas déjà fait. (agrandissez-la en cliquant dessus)
                                                                                                Francesco Zizola
In questa foto, una donna su una motovedetta della guardia costiera. L’imbarcazione su cui viaggiava è stata intercettata al largo di Mayotte.
Francesco Zizola è nato a Roma nel 1962. È stato premiato otto volte al World press photo (foto dell’anno nel 1997). Queste foto sono state scattate nell’aprile del 2010.
(Sur cette photo, une femme sur une vedette des garde-côtes français. Son kwassa-kwassa a été intercepté au large de Mayotte.
Francesco Zizola est né à Rome en 1962. Il a été primé au World press photo, photo de l'année 1997. Ce cliché a été pris en avril 2010.

25.4.12

Mayotte vue de Mada

Un peu de lecture avec cette carte postale de l'île aux parfums, écrite par un(e?) journaliste de L'express de Madagascar. Si tout n'y est pas, je trouve que ce qui est mentionné est juste et bien vu. Une précision tout de même: il n'y a jamais eu de RMI à Mayotte, seulement un RSA depuis peu au taux de 25 % par rapport à celui perçu en métropole. L'assistanat est donc encore timide. Quant à l'obtention de la nationalité française, c'est à 13 ans si la loi ne change pas que les nouveaux-nés d'aujourd'hui pourront y prétendre. Si les Comoriennes viennent si nombreuses accoucher ici, c'est aussi pour ne plus être expulsables.
Et le "mora mora" c'est la nonchalance, c'est quand il ne se passe rien même quand on a demandé quelque chose, toute une philosophie si c'était volontaire, et souvent énervant. (expression malgache) 

Mayotte, notre voisine française

Le plus jeune département français dans l'océan Indien garde encore tout son côté africain. L'ambiance est similaire à celle des villes de province de Madagascar, sauf que la monnaie en cours est l'euro. 
Caribou Maore. C'est l’inscription qui accueille en premier les voyageurs atterrissant à l'aéroport international de Dzaoudzi de Mayotte. Pas besoin d'un traducteur, surtout pas pour des Malgaches, pour deviner que la formule vous souhaite la bienvenue. De fait, cette expression est également utilisée dans certaines régions de la Grande île pour offrir l'hospitalité aux visiteurs. Un premier signe qui rappelle indiscutablement une histoire commune entre Madagascar et cette petite île située à plus de 350 kilomètres au nord-ouest de Mahajanga. 
Au bout de seulement une heure et demie d'avion au départ d'Antananarivo, on peut d'ailleurs s'attendre facilement à ce qu'il n'y ait pas un grand dépaysement.  Malgré tout, la présence des gendarmes super sérieux qui contrôlent les visas à la sortie de l'aéroport met en évidence que les visiteurs sont entrés dans un territoire français.  
Et puis première surprise : il pleut, beaucoup même, et il fait assez chaud, 25° Celsius.  Mais subitement, le soleil arrive à percer les nuages et tape très fort. Finalement, le climat très humide et chaud a beaucoup de ressemblance avec celui de l'Est de Madagascar. 
Mayotte est composée de deux îles principales : Petite terre  et Grande terre. La première, où se trouve l'aéroport de Dzaoudzi, est l'ancienne capitale. Elle abrite encore aujourd'hui des bâtiments administratifs, même si le bureau du Conseil général, la plus haute autorité locale, se trouve à Grande terre. 
L'ambiance et l'environnement à Petite terre sont nettement plus calmes, moins bruyants. Les ruelles étroites qui la sillonnent ressemblent beaucoup à celles de la France. Mais l'essentiel des activités économiques se trouve à Grande terre, laquelle héberge la commune de Mamoudzou, l'actuelle capitale de Mayotte.  
Les deux îles sont reliées toutes les demi-heures par des bacs. La traversée coûte 15 euros par voiture et 0,75 euro par personne, en partant de la Grande terre pour l'aller. Le voyage de retour est gratuit. 

Nids-de-poule
Beaucoup de gens habitant à Petite terre travaillent chaque jour à Grande terre. Ils prennent le bac tous les matins et rentrent par le même moyen de transport le soir. Ils laissent leurs voitures près des embarcadères qui se transforment alors en parkings géants, complètement désorganisés.  
Les bacs sont du même type que ceux qui font la liaison Mahajanga-Katsepy. Certains sont aménagés pour transporter à la fois des voyageurs et des véhicules, tandis que d'autres sont réservés aux voitures. 
Les traversées sont souvent tranquilles et durent environ une vingtaine de minutes. La mer qui sépare les deux îles est un immense lagon, protégé par des barrières coralliennes. Malgré tout, elle est assez fréquentée, notamment par de petites embarcations équipées de moteurs hors-bord en stationnement par centaines à Grande terre. 
La vie dans cette île est loin d'avoir la tranquillité de Petite terre. Les embouteillages et le brouhaha des commerçants accueillent les visiteurs dès la sortie de la zone d'embarquement des bacs. Le grand nombre de voitures, dont la plupart sont du dernier modèle, est sans doute un des rares signe de la longue présence de la France à Mayotte. Chose inattendue dans un département français, les rues sont truffées de nids-de-poule, et les automobilistes y roulent très vite.  
Grande terre est également la zone de cohabitation de toutes les nationalités, des cultures et des mode de vie. Mahorais, Comoriens, Malgaches, Français, et Africains sont autant de gens de différentes nationalités présents sur place.  
Les marchands informels de vêtements, de confiseries, ou de sandwiches, installés au bord de la route illustrent bien le côté africain de la ville de Mamodzou. Un hall géant, dont le toit est tapissé de panneaux solaires, abrite sans doute le plus grand marché couvert de Mayotte. On y vend des vêtements et des accessoires d'habillement. Les produits, pour la plupart des marques chinoises de bas de gamme et sans beaucoup de diversité, trônent sur les étals.

Un Mahorais n'est pas un Comorien
Un Mahorais refuse d'être assimilé à un Comorien. Il est avant tout Français. Physiquement, il n'y a pas de différence majeure entre les deux peuples, mais entre eux ils arrivent à se différencier.  Un étranger averti préfère d'abord prendre sa précaution en demandant à une personne s'il est Comorien ou Mahorais avant d'aller plus loin dans la conversation.
L'archipel des Comores se trouve à moins de 400 kilomè­tres de Mayotte. Beaucoup de Comoriens  viennent clandestinement dans ce département français pour y travailler. Il faut dire que la vitrine mahoraise attire du monde face à la pauvreté et le manque d'infrastructures aux Comores. 
Des réseaux de passeurs existent,  et il n'est pas rare que des femmes enceintes tentent la traversée pour pouvoir faire profiter à son enfant le droit de la terre à Mayotte. Il donne automatiquement la nationalité mahoraise, donc française, à ceux qui naissent sur le territoire. 

Une économie sous perfusion
Sur quoi se base principalement l'économie de Mayotte ? Difficile de répondre à la question, car il n'y a aucune ressource majeure sur l'île, constituée principalement de montagnes rocheuses couvertes de végétations luxuriantes. Le tourisme est peu développé, et il n'y a pas de ressources minières, ni d'agriculture et d'élevage. Tout y est importé. 
Beaucoup de Mahorais vivent des allocations attribuées par la métropole à travers le revenu minimum d'insertion (RMI). L'économie de Mayotte est donc finalement basée sur les services, une économie de consommation. Une forme d'assistanat qui a fini par changer le comportement des habitants au bout des années. 
De ce fait, Mayotte est aujourd'hui un des pays qui battent sans doute Madagascar en matière de « moramora ». C'est le côté le plus africain avec lequel la société mahoraise a du mal à se défaire. Le comportement agace les étrangers, même les Malgaches qui y sont pourtant habitués. 
À Mayotte, souvent il faut réveiller les commerçants endormis sous leurs étals pour pouvoir acheter quelque chose. Un caissier trouve encore le temps de papoter avec ses amis devant la longue file d'attente de clients. 

Chronologie historique de l'île
- 1832 : conquise par Andriantsoly, roi d'Iboina à Madagascar.
- 25 mars 1841 : établissement d'un protectorat ratifié le 13 juin 1843. Mayotte dépend administrativement du Gouverneur de La Réunion. 
- 25 juillet 1912 : annexion par la France. L'ensemble de l'archipel est sous dépendance administrative de Madagascar.
- Décembre 1974: c'est la seule île de l'archipel des Comores à voter au référendum pour conserver ses liens avec la France. Les autres îles déclarent leur indépendance. Le vote est de 63,8% en faveur de la conservation de ce lien, alors qu'il n'est que de 0,6% dans les autres îles (soit 99,4% contre). 
- 24 décembre 1976 : Mayotte confirme son premier vote et devient une collectivité territoriale. Si le droit français s'applique, le droit traditionnel musulman peut également y être appliqué, au gré des justiciables, par les tribunaux locaux présidés par les cadis. 
- 11 juillet 2001 : suite à une élection dont le résultat ne laisse aucun doute sur la volonté des Mahorais de rester français (73%), le statut de l'île a changé pour un statut assez proche de celui des départements d'outre-mer : une collectivité départementale d'outre-mer. 
Mahefa Rakotomalala
Mardi 24 avril 2012

24.4.12

Toifilou Maoulida

Ce Mahorais est né dans le sud de l'île, à Kani-Kéli, a quitté Mayotte pour grandir à Marseille.
Aujourd'hui, les sportifs de l'île sont fiers de lui car il a largement contribué à la victoire du Sporting Club de Bastia qui devrait lui permettre de retrouver la Ligue 1 de football l'année prochaine.
Il a débuté chez les pros en 97 à Montpellier, puis a porté les couleurs de Rennes, Metz, Monaco, MARSEILLE (que l'on vénère ici), Auxerre, Lens et cette année Bastia. Beau parcours, 16 années en Ligue 1 et 3 en Ligue 2.
Ce weekend, il a marqué le but de la victoire, à 32 ans mais une grosse envie de jouer encore longtemps.
Ils ne sont pas si nombreux, les joueurs originaires de Mayotte, à évoluer parmi l'élite du foot français.
Il y a un certain Fouad Rachid à Nancy mais surtout le gardien du Téfécé de Toulouse, le très bon Ahamada qui en est le titulaire.
Et il paraît que Zidane a fait un temps d'armée au GSMA de Combani, alors...

Les Dom et Tom ont souvent donné des étoiles dans ce sport: Marius Trésor, Jocelyn Angloma, Bernard Diomède, Bernard Lama, William Gallas, Christian Karembeu, Thierry Henry, Lilian Thuram, Sylvain Wiltord, Gérard Janvion, Nicolas Anelka, Eric Abidal, Dimitri Payet, Guillaume Hoarau, etc ... les connaisseurs apprécieront.
Et combien de jeunes dans les centres de formation, qui sont en partenariat avec les terres ultramarines.
Voici les proportions entre 97 et 2003:
Bien sûr, il n'y a pas que le football qui attire les jeunes talents, et bien sûr aussi, le tableau n'est pas toujours aussi beau: éloignement, échecs, l'ascenseur social ne fonctionne pas toujours.

Le prochain rendez-vous pour le foot ultramarin aura lieu du 22 au 29 septembre en métropole, en banlieue parisienne, pour la 3 ème Coupe De l'Outre-Mer, dont le tirage vient d'avoir lieu.
Le tirage:
Groupe A :
La Réunion, La Guyane, La Guadeloupe et Saint Pierre et Miquelon
Groupe B :
La Martinique, La Nouvelle-Calédonie, La Polynésie et Mayotte
La Réunion avait gagné la première édition, La Martinique la deuxième en 2010.
Mayotte a des ambitions très raisonnables dans cette compétition.

23.4.12

Présidentielle: résultat 1er tour à Mayotte

La presse explique ce "résultat inversé" par la perception qu'ont les Mahorais du président sortant d'être "le père de la départementalisation".
En revanche, côté participation, rien de nouveau sous le soleil mahorais:




Dans la région, le vote de La Réunion est sans ambiguïté.

21.4.12

Présidentielle façon Mayotte

Tout le monde sait à quel point les modalités de notre élection présidentielle sont encadrées, imposées, surveillées de près entre autres et surtout par le CSA.
Pas à Mayotte!
Commençons par la télé.
Hier soir, sur toutes les chaînes du service public, en lieu et place des émissions d'informations et de débat, voici ce à quoi nous avons eu droit:
Seule explication: certains ont pensé que Mayotte est située dans l'océan Atlantique, où le scrutin a lieu aujourd'hui samedi pour éviter que les Antillais et Guyanais, St Pierre-et Miquelon, St Barthélémy et la Polynésie Française (et sur tout le continent américain, il y en a aussi) ne votent en connaissant les résultats publiés en métropole.
Seulement voilà: le reste du Pacifique et l'Indien votent bien dimanche comme en métropole.

Côté affiches, là encore, Mayotte a tout faux.
Voilà l'affichage le plus complet à la veille du 1er tour, devant l'Hôtel de Ville de la préfecture Mamoudzou:
Les dix emplacements y sont (et encore il ne faudrait pas qu'il y ait trop de vent) mais seuls 3 candidats sont représentés, et plutôt 2 fois qu'une.
Le scrutin pourrait être annulé pour moins que ça!
Mis à part François Bayrou qui a fait imprimer les siennes à La Réunion (et il n'est même pas représenté!) pour l'océan Indien, toutes les autres affiches viennent de la métropole. Bon, et alors?
Aucune excuse!
Vous verrez que les législatives verront fleurir toutes les affiches officielles requises. Les Mahorais ne se passionnent pas pour la présidentielle (54 % d'abstention en 2007, record national et bonnet d'âne!)

Mais il y a quand même l'affichage sauvage "made in Mayotte" pour les 2 principaux:

En shiMaore, marahaɓa signifie merci. On l'aime bien, le président sortant, ici.


Côté temps de parole sur Mayotte 1ère (ex RFO), je n'ai pas compté mais j'ai des doutes...

15.4.12

Mikidache

Mikidache est un artiste reconnu à Mayotte, aux Comores et ailleurs dans le monde. Depuis plus de 10 ans, il promène sa guitare pour chanter son île mais aussi ses coutumes et leur évolution, la société mahoraise et son avenir, les gens du monde, qui est aussi le titre d'une de ses chansons. Il le fait en shiMaore mais aussi en français.
Son nom signifie à peu près "une bonne personne", il est né à Chiconi et donne en ce moment une série de concerts à travers Mayotte.
Hier soir, il était à M'Tsapéré, près de Mamoudzou. Il a chanté son inquiétude pour le devenir de son île, mais aussi les enfants abandonnés, le rôle des parents, l'amour entre les gens, le partage... autant de thèmes qui sont loin d'être légers.
Il l'explique mieux lui-même:

Sa musique intègre plusieurs influences et bien sûr les rythmes typiques à la région comme le très enlevé Mgodro ou le plus lent chigoma.

12.4.12

Le tsunami sera numérique

Mayotte avance à grand pas, en tous cas sur le plan de la course à l'information à sensations, le buzz comme on dit par les temps qui courent.

Hier, nous avons assisté à un premier tsunami.
Un séisme sous-marin à 6000 km de Mayotte et nous avons été balayés; point de vague, mais une alerte tsunami, un plan ORSEC déclenché par le préfet annulé une heure et demie plus tard, 3 navires à quai au port de Longoni (seul port de commerce de Mayotte) ayant reçu l'ordre d'aller faire des ronds dans l'eau du large, le temps que la vague dévastatrice...n'arrive jamais! Bien sûr, il faut prendre des précautions mais la presse s'en est régalée, sans s'apercevoir que la vague n'atteignait pas 20 cm. Pourvu que ça fasse un buzz.
Pour une info sérieuse et complète sur ce "tsunami", allez plutôt voir ici.

Aujourd'hui, second raz-de-marée: ça y est, le haut-débit arrive enfin à Mayotte!
C'est la "révolution", le "big bang", tous deux numériques bien sûr!
La presse radio, télé, papier et même numérique (!) s'est ruée sur l'info tant attendue. Sans s'apercevoir que la grande majorité des Mahorais en est loin.
Aujourd'hui, jeudi 12 avril 2012, c'est le lancement officiel. Annoncé hier, mais l'alerte météo-sismo-marine lui a ravi quelque peu la vedette, nous aurons bientôt droit à la vitesse V.
Orange a enfin annoncé son offre à partir de 50 € avec téléphone compris quand même, SFR promet la 3G+ et bientôt la neufbox, STOI est prêt aussi alors que IDOM avait bousculé tout ça avec une offre à 20 €.
Plus que quelques jours (semaines ?) de patience et toute l'île sera branchée.
Toute ? Non!
Une poignée de fils de cuivre résiste et résistera encore longtemps à l'envahisseur.
Une grande moitié sud de l'île ne sera pas raccordée tout de suite, mais la métropole a connu la même progressivité, alors.
Il était temps que le haut-débit arrive!!!

À ce propos, on en est au très haut-débit, là-bas. Mais c'est loin la Tour Eiffel, il y a au moins 10 ans...

10.4.12

Vie chère: le retour

Souvenez-vous: des accords sur les prix des produits de première nécessité avaient mis fin au mouvement contre la vie chère qui a duré 44 jours et plongé Mayotte dans la violence au mois d'octobre dernier. Ces accords garantissaient des prix revus à la baisse jusqu'au 31 mars.
Nous sommes début avril et tout le monde a pu constater ce qui était redouté: les prix ont énormément augmenté.
La viande: +12 %
Le poulet: entre 15 et 30 % d'augmentation.
Le chariot-type (riz-viande-huile-ailes et cuisses de poulet, sardines...) est passé de 103 € à 133 €!
Le gaz qui était redescendu à 26 € est remonté à 32 € environ.
Les familles mahoraises ne pourront pas se consoler avec le RSA "bas-débit" pratiqué depuis la même date, à croire que les distributeurs pensent que maintenant qu'il est versé, les Mahorais peuvent payer leurs courses plus cher. De qui se moque-t-on ? N'oublions un des arguments de la grève passée: la vie ici était déjà 30 % plus chère qu'en métropole!
Alors il se dit que le mouvement pourrait bien reprendre (c'était déjà une crainte à la signature de l'accord) et pourtant, personne n'en veut, mais ... les élections approchant, c'est peut-être le moment!
Mais des 2 leaders du mouvement passé, celui de la CGT-Ma sera mal à l'aise: il s'est déclaré en plein conflit candidat aux législatives! Comment concilier les deux combats ?
Côté gouvernement, il n'y a sans doute rien de bon à attendre.
On le savait aussi il y a 4 mois:
Bon, ben, on va voter.

7.4.12

Le trésor de Mayotte

Une sérieuse étude récente a assuré que cette année, les coraux de la région et donc ceux de Mayotte ne blanchiraient pas. Il n'y a pas eu pendant cet été austral de température trop élevée dans l'océan et le lagon pour menacer les coraux, et pour les tuer comme nombre d'entre eux l'année dernière par exemple. C'est plutôt une bonne nouvelle mais pour ce qui est de la pollution des eaux mahoraises, là, il y a encore un très gros travail à faire.
En attendant l'hiver qui rafraîchira l'eau autour de 26-27 °C de juillet à octobre, sa température est de 30 °C et la saison des pluies n'en finit plus de partir pour laisser la place au mutulahi (ou matulahi), période intermédiaire qui annoncera la saison sèche ou kusi ou hiver austral. Mais on n'en est pas encore là, le temps est encore magnégné, comme on dit ici (pas net, brouillon, pas beau, vous voyez l'idée).
Ce matin, une plongée en eaux peu profondes m'a permis de constater que les coraux sont en bonne santé et de découvrir une faune étonnante.
Pour être honnête, je n'ai pas moi-même pris tous ces clichés qui demandent un matériel spécial, mais ils reflètent exactement ce que j'ai vu. Merci aux auteurs de ces photos.
Hétérocongres, disparaissent dès qu'on s'approche

Poisson-scorpion, qui peut changer de couleur, drôle de tête!

Poisson-ballon

Murène javanaise, attention les doigts!

Crevette à longues pattes, minuscule et transparente

Holothurie ananas, inoffensive, 40 cm pour celle-là
Magnifique crevette imperator, qui s'abrite volontiers dans l'holothurie ci-dessus

Nudibranche, tout petit; il en existe des centaines de variétés

Beaucoup de juvéniles en ce moment, bon signe

Une squille, crustacé nocturne


6.4.12

Les langues parlées à Mayotte

Quand on débarque à Mayotte, on est en France. Passés les cent premiers mètres, le français fait rapidement place dans nos oreilles à une langue très étrange, incompréhensible, que l'on identifie vite aux langues africaines sans en être sûr, à moins d'être un globe-trotter.
On reconnaît quelques mots (taxi, par exemple) mais si on surprend une conversation, ce que l'on comprend, c'est que ça ne va pas être facile!
Et ça ne l'est pas.
Je suis ici depuis un an et demi et je n'arrive à "capter" que quelques mots, et pour arriver à savoir de quoi on parle, il y a heureusement les mots "internationaux", c'est-à-dire ceux que la langue locale a emprunté aux idiomes d'autres pays, un peu transformés comme "téléphoni". "Les Bouénis" confirment:



Jéjé= comment ça va ?
Quand je dis langue locale, c'est inexact: je devrais parler de langues locales.
Mayotte a été peuplée par des tribus bantoues de l'Afrique de l'Est, ou indonésiennes en route vers Madagascar, ou encore arabes du golfe Persique et d'autres navigateurs de diverses origines.
Aujourd'hui, ça donne quoi?
(Voir l'onglet Cartes: sur la dernière sont représentés les dialectes pratiqués village par village).
Si la langue officielle (écoles, administrations, affichages publics...) est le français, les autochtones entre eux parlent leur langue natale. Et là, ça se complique.
S'ils sont nés à Mayotte et comoriens d'origine, ils parlent le shiMaore. Mais il existe des variantes, le plus "pur" étant le shiMaore swafi. Il est proche du bantou. Or, les immigrés récents d'Anjouan utilisent un shiMaore différent, avec des mots n'ayant parfois aucun rapport. Ceux de Ngazidja (Grande Comore), nuancent encore autrement la langue comorienne originelle. Vous suivez? En fait, il existe 4 parlers bantous différents mais avec de fortes ressemblances: le shiMaore de Mayotte, le shiNzuani d'Anjouan, le shiMwali de Mohéli et le shiNgazidja de Grande Comore.
Le shiMaore (Maore est le nom de Mayotte dans cette langue donc shiMaore = langue de Mayotte) est compris et/ou parlé par 80 % de la population d'origine (chez les wasungu, ça doit être dans les 3 % et encore...).
À l'inverse, nombreux sont encore les Mahorais à ne pas maîtriser le français. Sur Mayotte 1ère, radio et télé, les 2 langues cohabitent. Rappel pour ceux qui n'en ont pas vu: journal télévisé
L'autre langue de Mayotte est le shiBushi, que l'on écrit couramment kibushi. Et là, surprise quand on pense que c'est la langue maternelle d'un tiers de la population!
Explication: les "kibushiphones" comprennent et utilisent le shiMaore (pas le choix!) tandis que l'inverse n'est pas vrai.
Le kibushi est plutôt parlé dans les villages de l'Ouest et du Sud de l'île mais pas seulement. Et ils en sont fiers!
C'est une langue d'origine malgache, plus ou moins adaptée à l'île mahoraise, avec deux variantes: le kisakalava et le kiantalautsi.
Ensuite, il existe des langues indiennes, des langues de la région comme le créole réunionnais, l'afrikaans, mais très confidentielles.
Et on se doit aussi d'évoquer la langue arabe puisque les jeunes Mahorais l'apprennent dans les écoles coraniques. D'autant plus que 40 % des mots en shiMaore ont une racine arabe!
Le problème majeur qui taraude les esprits visionnaires de Mayotte est le devenir de ces langues, principalement le shiMaore.
En effet, on a pu le constater en métropole, les langues parlées sont abandonnées peu à peu. Si elles ne sont qu'orales.
Dès lors qu'elles sont écrites, elles survivent! C'est le principal combat des Mahorais actuellement, il faut une écriture officielle du shiMaore. Mais comme les acteurs ne parviennent pas à s'accorder, le problème reste posé.
Une association très active, Shime (SHImaore MEthodique), semble proche de faire prévaloir sa version. L'enjeu, c'est une reconnaissance de la langue et son apprentissage dans le milieu scolaire surtout. Et pour ne plus voir comme dans certaines administrations encore aujourd'hui: "Français obligatoire".
Pourquoi ne pas envisager une option "shiMaore" au bac?
Sans compter que dans le milieu scolaire, on est de plus en plus persuadé que l'apprentissage de la langue maternelle favoriserait celui de la langue française. Là encore, le discours officiel, qui n'en voulait pas, commence à évoluer.

2.4.12

Poisson mahorais



Humour noir, en rapport avec le début de la vidéo du message ci-après.

1.4.12

Le rapport qui fait mal

C'est l'autre actualité du weekend. Celle-là laisse un goût amer.
Médecins du Monde (MdM), qui a ouvert en 2009 un centre de soins pédiatriques à Koungou, vient de publier un rapport qui montre que 7,3 % des 422 enfants concernés par cette étude souffrent de malnutrition aiguë.
Pour un département français, c'est "inacceptable".
"À Mayotte, la fin de la gratuité des soins en 2004, et la peur de se déplacer vers les centres de santé ont contribué à la précarisation d’une partie de la population, dont par ailleurs un tiers se trouve en situation irrégulière. Avec plus de 21 000 reconduites à la frontière en 2011, les politiques migratoires menées à Mayotte entraînent un harcèlement systématique des plus précaires. Ceux-ci renoncent à aller se faire soigner par peur d’être arrêtés. De nombreux enfants se retrouvent séparés de leurs parents, pris en charge par d’autres familles qui ne peuvent pas toujours assurer leurs besoins alimentaires."
MdM signale également que le taux de mortalité infantile y est 4 fois plus élevé qu'en métropole (13,5 ‰, Insee 2010) et que près de 4 enfants sur 10 n'ont pas accès à l'eau courante (MdM 2011).
La carte postale déjà bien écornée en prend un coup!

L'étude (téléchargeable ici) a été menée d'avril à juillet 2011 mais n'est publiée qu'un an après, sans doute pour interpeller les candidats à l'élection présidentielle. Hier, F. Hollande s'est donc vu obligé de l'évoquer dans son discours.