31.5.12

"Délit de solidarité" à Mayotte


Suite de l'affaire du non-renouvellement de 2 professeurs déjà évoquée dans À la tête du client.
Pour l'instant, les 2 sanctions sont confirmées. Comme on dit ici:
Mayotte préfère les profs qui fayotent!
Le président du RESFIM (Réseau éducation sans frontières de l'île de Mayotte), Michel Rhin, est amer.
Pour nous, enseignants, comme pour tous ceux qui ont en charge une éducation, cette déclaration résonne comme une alerte face à la montée des intolérances et des extrémismes faciles.
À méditer d'urgence.


Faire don de soi. 
Partager ses savoirs. 
Développer l’esprit critique. 
Encourager l’ouverture au monde. 
Apprendre à vivre en communauté. 
Lutter contre les inégalités et l’injustice.


Pour toutes ces raisons, j’ai choisi un métier : enseignant.


Après quelques années en zone d’éducation prioritaire, j’ai découvert un magnifique territoire français où ces simples mots prenaient toute leur ampleur : Mayotte.


Cette vocation a alors dépassé les limites du simple cadre professionnel. Témoin impuissant de l’injustice et des abus de pouvoir, je n’ai eu d’autre choix que de rejoindre le Réseau d’Éducation Sans Frontières. J’ai défendu corps et âme les valeurs d’une république dont j’étais fier. Liberté, égalité, fraternité. Tout est là.


Doit-on accepter que des mineurs soient arrachés à leurs parents et expulsés d’un territoire où ils ont vu le jour, bafouant toutes les lois, et ne rien faire ? 
Peut-on être témoin de rafles nocturnes où les domiciles privés sont violés en toute illégalité et impunité par des forces de l’ordre au nom d’une politique inacceptable et ne rien dire ?


J’ai parlé, j’ai agi, je n’ai pas laissé faire.


Évidemment, même si cela soulageait parfois ma conscience, tout le monde n’a pas apprécié et ceux qui en avaient le pouvoir ont décidé de m’expulser à mon tour, de mon propre pays.


Je me suis tourné vers mes Pères. Certains n’ont pas compris, m’ont soutenu, se sont battus.


Je me suis tourné vers mon ministère, celui qui m’avait formé et enseigné les valeurs de l’école de la république. Il m’a abandonné.


Se ménager. 
Partager le minimum. 
Développer un esprit obéissant. 
Encourager le chacun pour soi. 
Apprendre à vivre au gré des gouvernements. 
Ne pas lutter.


Et surtout, se taire…


Voilà ce qu’est devenu mon métier.


Michel RHIN.

30.5.12

Écoles: la machine à redoubler!

Votre enfant finit son CM2 avec plus de la moyenne et un avis favorable pour la 6ème mais vous voulez qu'il redouble?
À Mayotte, c'est possible!
Votre enfant ne sait pas lire et termine son CM2 avec 5 de moyenne mais vous désirez tout de même son passage en 6ème?
À Mayotte, c'est possible!
D'où le tollé chez les parents d'élèves et les enseignants de l'île aux parfums!
Cette année, le vice-recteur, désirant sans doute offrir une belle image de ses écoles tant critiquées, a décidé de purger les écoles des vieux élèves, entendez ceux qui ont plus d'un an de retard! Et ici, pour prendre par exemple ceux de ma classe de CM2, seuls 6 sur 29 sont "à l'heure", c'est-à-dire n'ont pas doublé de classe. Les 23 autres ont 1, 2 voire 3 ans de retard. Toutes les écoles sont au même niveau ici.
La question que vous devez vous poser est: Pourquoi? Oui, pourquoi fait-on redoubler tous ces élèves?
Première réponse: ils sont scolarisés à différents niveaux selon leur âge d'arrivée à Mayotte. Clandestins, ils ne sont pas systématiquement scolarisés tout de suite.
Deuxième explication: ils doivent apprendre le français en plus des programmes nationaux à peine adaptés, pour qu'à Paris, l'école mahoraise ne paraisse pas une sous-école; l'image, toujours l'image. Mayotte cas à part? Vous plaisantez!
Troisième raison: les CM2 d'aujourd'hui n'ont pas connu la maternelle, qui n'existe vraiment que depuis 2 ou 3 ans partout.
Quatrième piste de réflexion: il n'y a pas assez de place dans les collèges.
Rajoutez à cela les conditions plus que précaires de leur vie de tous les jours, comme celles de notre enseignement, nous on comprend que leur tâche est bien plus difficile que leurs petits homologues de l'hexagone.
Mais qu'à cela ne tienne, il leur faut les mêmes exigences, qu'ils se débrouillent!
Et bien sûr ils n'atteignent pas la moyenne et redoublent.
Résumons: des élèves seront admis au collège avec des niveaux catastrophiques pour certains (entre 2 et 8 de moyenne, ne sachant parfois même pas lire) alors que d'autres ayant plus de 10 devront redoubler.
Le problème n'est pas nouveau, en 2010, des élèves ayant raté leur bac n'avaient pas retrouvé de place au lycée. C'est à cette date qu'avait été publié ce dessin mais je l'ai modifié (pardon Seb S.) pour la nouvelle actualité.
Car cette année, l'affaire a été ébruitée, alors à suivre...

28.5.12

18ème festival de l'image sous-marine

Ce soir, au cinéma Alpa Joe (qui rouvre spécialement pour l'occasion!) a lieu l'ouverture officielle du 18ème festival de l'image sous-marine, sous l'égide du festival mondial du même nom et cette année en partenariat avec celui de Nouvelle-Calédonie.
Pendant une semaine seront projetés des films venus d'ailleurs et bien sûr des films locaux: un festival, quoi!
J'espère vous proposer le film vainqueur dans une semaine, qui gagnera l'Hippocampe d'Or, plus original que la palme ici.
En attendant, voici un film Hippocampe d'Or en 2009.
C'est un film surprenant, par le scénario et par le texte qui a été écrit par un de mes collègues, Fred Bonnet, qui a fait d'ailleurs plein d'autres choses, dont un livre et un groupe de musique: éclectique, talentueux et aventurier (l'année prochaine il va à Mada, après l'Afrique et Mayotte).
Il a été tourné Passe Bandrélé où je fais l'essentiel de mes plongées.

"Les remparts d'Atlantis" - 2009 par Rigolboch
C'est un film de festival, par définition non-conventionnel.

24.5.12

Makis de Mbouzi: mais qui? et des soucis!

Suite des aventures des lémuriens hébergés dans la Réserve Naturelle Nationale de cet îlot mahorais.
La semaine dernière, une cinquantaine de makis ont été découverts inanimés, ce qui n'est pas normal.
Les animaux ont peut-être été empoisonnés, les médias locaux parlant d'un usage de raticide, mais la préfecture n'a pas confirmé cette hypothèse, attendant le résultat des prélèvements pratiqués sur les cadavres et envoyés dans des laboratoires en métropole pour tenter d'identifier la substance mortelle.
Ce sont des bénévoles de MKZ qui ont fait la macabre découverte. Ils se rendaient à l'îlot dans le cadre d'une campagne de contraception de ces lémuriens (voir ici et ici).
Pour l'instant donc, on ne connaît pas les auteurs du massacre.
En février dernier, un Conseil National de la Protection de la Nature, émanant du ministère de l'écologie, s'est prononcé pour l'éradication des makis de l'îlot.
On avait abandonné l'idée d'euthanasie (pour cause de campagne électorale?) au profit d'une opération planifiée de contraception qui ne pourra pas régler le problème, et d'exportation massive vers des parcs animaliers.
Le coût de ces opérations avait fait réagir, comparé au niveau de vie des humains qui les côtoient.
Alors quelqu'un a réagi plus violemment.
Il faut dire que ces eulemur fulvur mayottensis nourris par l'homme depuis leur naissance sont incapables de vivre en liberté. De plus, le fait de les nourrir a favorisé la pullulation de rats noirs (environ 20 000 sur les 84 ha). Ces deux intrus constituent une menace pour la biodiversité originelle du lieu où il existe des espèces végétales et animales rares et donc à protéger de ces envahisseurs.
Le phaéton à bec jaune, ou paille-en-queue,  niche ici aussi
Un autre oiseau rare, le foundi des Comores s'y reproduit également.
Il y pousse bien sûr des baobabs.
Autrement dit, les jours du maki à Mbouzi sont comptés.

23.5.12

Et toi, tu votes Chirac ou Mandela?

Les candidats aux législatives, avec une seconde circonscription, donc un député supplémentaire.

Si, si, c'est la liste officielle!
L'état civil recèle parfois quelques surprises, et c'est officiellement que les surnoms de ces 2 candidats sont enregistrés.
"Monsieur CHIRAC" est un douanier à la retraite de 67 ans et doit son surnom à son frère qui a été l'un des premiers dirigeants du RPR mahorais.
"MANDELA" est un ancien menuisier de 68 ans et devrait son surnom au fait qu'il est considéré comme un sage.
Côté parité, même si les femmes sont à l'origine de l'organisation de la société mahoraise, en politique, ce n'est pas gagné!

22.5.12

Fin d'histoire sans fin

Mais avant, pour que l'on n'oublie pas trop vite cette souffrance (sous-France?) ordinaire, une réflexion pertinente.
Le docteur Jean-François Corty, directeur des missions France de Médecins du monde, clôt ce dossier, avant malheureusement le prochain. Une interview de Mayotte1ère:
"Après l’abandon des recherches pour retrouver les 15 disparus du kwassa-kwassa en provenance d’Anjouan qui a chaviré samedi, le docteur Jean-François Corty, directeur des missions France de Médecins du monde fait part de sa colère contre la situation des immigrés illégaux à Mayotte.
Avec 5 morts et quinze disparus, peut-on dire que le bilan du drame est de 20 morts ?
Oui si l’on considère que les disparus des précédents épisodes n’ont jamais été retrouvés. Il ne faut pas oublier que ce genre de tragédie est fréquent à Mayotte, même si on ne dispose pas de chiffres précis. Les kwassa-kwassa prennent de gros risques et ne sont pas toujours retrouvés en cas d’accident.
Pourquoi prendre de tels risques ?
Pour comprendre, il faut avoir quelques chiffres en tête : Mayotte, c’est 200 000 habitants dont un tiers en situation irrégulière, essentiellement originaires des Comores. C’est aussi 25 000 expulsions par an, soit autant que sur l’ensemble du territoire français. En augmentant la surveillance radar des côtes, on augmente le prix demandé par les passeurs et donc l’attractivité de ce business, c’est un cercle infernal.
Les pouvoirs publics doivent pouvoir lutter contre l’immigration clandestine…
Vous savez, Anjouan et Mayotte font partie du même archipel. Il y a toujours eu des échanges entre ces deux îles distantes d’une soixantaine de kilomètres. Les Anjouanais ne sont illégaux à Mayotte que depuis le "visa Balladur" en 1995. Par ailleurs, la politique du chiffre pratiquée ces dernières années a des conséquences sanitaires dramatiques.
C’est à dire ?
D’abord, les descentes de police poussent les clandestins à aller dormir en forêt et imposent un climat de stress à tout le monde. Par ailleurs, nous recevons plus de 4000 patients dans notre consultation pédiatrique de Mamoudzou. Dans 60% des cas, les parents ont différé l’accès au soin par peur d’être arrêtés pendant le voyage. Du coup, ils attendent que l’état de l’enfant soit très grave avant de prendre le risque de venir nous voir. Il arrive aussi très souvent que des enfants se retrouvent à la rue alors que leurs parents ont été expulsés. Il y a entre 1000 et 3000 enfants des rues à Mayotte qui sont la conséquence directe de la politique migratoire. Nous ne demandons pas la fin de cette politique, mais juste qu’elle soit moins violente."


Deux remarques: 
D'une part, on est pratiquement sûr qu'il se produit d'autres drames comme celui-ci mais personne ne le découvre à temps.
D'autre part, les 15 disparus ne sont peut-être pas tous morts car la volonté et l'instinct de survie, plus la solidarité et l'envie de ne pas se faire prendre, ont peut-être permis aux plus valides (une pensée pour les enfants) d'entre eux de rejoindre à la nage la côte mahoraise. Et ne comptez pas sur les autres rescapés pour en parler. De toutes façons, les passeurs se gardent bien d'établir une liste au départ. 
Admirable et sordide à la fois.
À Mayotte, il pleut à nouveau depuis ... samedi.

20.5.12

Le prix d'un monde meilleur

Une nouvelle fois, la mer a emporté des clandestins Anjouanais au large de Mayotte. Comme je l'ai souvent dit ici, c'est inacceptable, insupportable, etc...
Dans ces eaux de l'Océan Indien apparaît au grand jour la fracture entre le nord et le sud, la richesse et la pauvreté, la civilisation de la sur-consommation et la misère, que les hommes laissent s'installer sur cette planète.
Dans cette région du monde, les deux mondes se côtoient, et de cette situation ne sortira que ce genre de tragédie tant qu'entre les 2 états, les Comores et la France, voire peut-être l'Europe, ne sera pas considéré comme il le mérite le fossé qui existe entre ces peuples.
La France a choisi de s'implanter ici, oasis de richesse promise dans un désert de pauvreté, elle doit maintenant trouver avec son voisin d'ici tous les moyens pour éviter ce massacre connu mais admis comme une fatalité et une inconscience de ces "candidats au bonheur", ou encore l'irresponsabilité des passeurs.
C'est plus facile que s'asseoir autour d'une table et avoir le courage de proposer de vraies solutions, comme l'aide à apporter aux associations comoriennes, ou au niveau des états. Et plus Mayotte se développera, plus le fossé se creusera, plus les candidats seront nombreux. Il fallait y penser avant.
Quand on sait l'argent que l'on peut trouver pour aider nos pays "civilisés et qui veulent pouvoir continuer d'acheter ce qu'ils veulent" alors qu'aux Comores on a du mal à trouver des médicaments... L'homme est un loup pour l'homme.


Voici un article de LeMonde.fr d'aujourd'hui:

"Cinq personnes sont mortes et quinze autres sont portées disparues dans le naufrage d'une embarcation venue d'Anjouan, aux Comores, survenu samedi au large de Mayotte, a annoncé dimanche 20 mai le ministère des Outre-mer. Ce"kwassa-kwassa" (canot de pêche à moteur) transportait, "selon les premiers témoignages, 43 personnes dont quatre enfants", précise un communiqué. Parmi les trois enfants décédés, figure un bébé.


Le naufrage a eu lieu samedi en fin d'après-midi. "Les premiers rescapés ont été secourus par le club de plongée de l'hôtel Jardin Maore à Ngouja sur la commune de Boueni", au sud-ouest de cette île française de l'Océan indien. Victorin Lurel, nouveau ministre des Outre-mer, "s'est assuré du déclenchement immédiat du plan Secmar (sécurité en mer)", a ajouté le ministère. "Les moyens aériens et nautiques nécessaires sont en place et seront maintenus le temps qu'il faudra", selon le communiqué officiel.

D'après le ministère, ont été déployés sur place, pour tenter de retrouver des disparus, un hélicoptère, une embarcation de type Zodiac, une barge. Les naufrages de pirogues "kwassa-kwassa" (du nom d'une danse anjouanaise, évoquant leur balancement dans la houle) sont fréquents près de Mayotte. Poussés par la misère, les immigrants, pour la plupart venus de l'île d'Anjouan, à quelque 100 kilomètres de Mayotte, tentent régulièrement de débarquer illégalement sur l'île française, pour travailler ou s'y faire soigner.

Sur les 200 000 habitants de Mayotte, 40 % seraient des clandestins. Surchargés, les "kwassa-kwassa" naviguent au ras des flots. Beaucoup chavirent en passant les barrières de récifs coralliens. En janvier 2012, deux de ces naufrages meurtriers avaient été enregistrés, l'un faisant trois morts et dix disparus, l'autre provoquant cinq décès." Source: Le Monde.fr


Mahoraid 2012: résultats


Les 30 premiers: la 1ère femme est 5ème!

Le vainqueur de l'édition 2011 a réussi le doublé en améliorant sa performance de près d'½ heure. Les sentiers étaient secs, mais la perf est là! Source: http://www.run-sport.tv/MAHORAID-SFR-2012-CLAP-DE-FIN-_a23224.html

17.5.12

Les bières de et à Mayotte

Où que l'on soit dans le monde, on peut toujours trouver une bière locale à boire.
Même si Mayotte est à 95% musulmane, il existe depuis 2008 une brasserie qui élabore, à partir de moûts "sélectionnés", venus de Belgique, une bière qui se vend beaucoup, et pas qu'aux wasungu...
Elle s'appelle Hipo, pour hippocampe bien sûr, un des noms de l'île aux parfums. La canette coûte 1 € en supermarché et elle est aussi vendue à la pression, ce qui est encore rare ici.

Depuis l'année dernière, elle a une grande sœur:
101 pour le 101ème département et Maore est le nom de Mayotte en shiMaore.
Ya m'trouɓaɓa doit signifier à peu près Pour les hommes!
Elle est plus forte en alcool, 2,20 € en magasin pour 66 cl.
Mais observons l'étiquette au dos:
J'ai souligné en rouge le plus important.
Vous devinez pourquoi elle doit être dégustée à 9,76°C ? Non ? Parce qu'on est à Mayotte, précisément!

Hormis cette production locale, on trouve aussi les autres bières de la région.
La "Dodo" de La Réunion:
Habillage particulier pour fêter ses 50 ans

La "THB" de Madagascar:
 Il en existe une autre version importée d'Europe.

La "Phoenix" de Maurice:

Et parfois, on peut trouver une bière sud-africaine, la "Castle". Mais elle est en rupture depuis plus d'un mois.

C'est souvent le cas ici, des denrées manquent pendant quelques semaines et un jour elles réapparaissent, au gré des importations...
Bon, ben moi je vais en boire une!  Ça m'a donné soif tout ça.
À la vôtre!
Bien sûr, les stars internationales se trouvent aussi: 1664, Heineken, Carlsberg, ...etc, à 4 € la canette au bar.
Si les Mahorais pouvaient en plus les jeter dans une poubelle!...

15.5.12

Éclaircie pour les makis de MBouzi

Dans Sale temps pour les makis , en janvier dernier, je vous faisais part du problème que posent les makis sur un des îlots de Mayotte.
Où en est-on aujourd'hui?
La solution qui semble se dessiner est moins pessimiste que celle qui a prévalu, c'est-à-dire que le massacre annoncé ne devrait pas avoir lieu.
La semaine dernière, la presse nous apprenait que la Fondation Brigitte Bardot avait pour objectif, de sa part ou par l'action de ses partenaires, de réaliser la translocation d'environ 300 lémuriens dans des parcs zoologiques.
Aujourd'hui, on apprend qu'un plan de contraception a débuté, concernant une centaine de femelles capturées ce weekend pour l'instant, et en sachant qu'il faudra renouveler cette opération. Elle a été conduite par une association  Maesha, Komba na Zumbe ( vie, lémuriens et êtres vivants)  avec les aides de la Fondation B. Bardot et l'État.
Le très beau logo de MKZ
Cela diminuera la surpopulation de l'îlot mais ne règlera pas le problème immédiat des rats qui mangent les restes de la nourriture donnée aux makis et qui prolifèrent avec l'apparition inévitable de la leptospirose.
D'autre part, les Mahorais n'apprécient guère cette espèce protégée sur Grande-Terre car les komba (makis en shiMaore) dévorent les fruits jusque dans leurs jardins (papayes, bananes, fruits à pain, mangues, ... tout y passe!)
Finalement, l'euthanasie ne devrait pas avoir lieu, l'image de Mayotte pour le tourisme ne souffrira donc pas trop. 

14.5.12

Mahoraid 2012

L'année dernière avait lieu la 1ère édition du Mahoraid, ce nouveau trail de l'Océan Indien qui traverse l'île du nord au sud.
La 2ème édition se déroulera samedi.
Les organisateurs ayant volontairement ou pas repoussé la date de 3 semaines, les concurrents ne devraient pas trouver trop de boue car le vent sec du sud qui balaie Mayotte depuis 2 semaines a bien séché les sentiers.
Ce sera de toutes façons très dur en raison des températures élevées, des 67 km et des 1952 m de dénivelé.
Et un départ à 3h 30 du matin pour 2 heures à la frontale!
Une première biscouette, dès le départ, de 2,5 km pour un dénivelé de 462 m (18%!) et au milieu du parcours, l'ascension du sommet de l'île, le Bénara, une montée de 8,5 km et un dénivelé de 645 m. Et les descentes ne sont pas faciles non plus.
Vidéo officielle de présentation:

Ne vous précipitez pas, les inscriptions sont en principe terminées ce soir.

11.5.12

Mutulahi

Officiellement, la saison cyclonique n'est pas terminée mais on sait bien qu'il n'y en a plus pour longtemps.
Depuis trois semaines environ, le vent est passé au secteur sud-est et ça change beaucoup notre météo.
Tout d'abord, les nuages donnent de moins en mois de pluies, plus du tout depuis quelques jours.
L'alizé (vent d'est sec) va bientôt s'installer mais déjà l'atmosphère, si elle est toujours chaude, est moins humide et donc plus agréable à supporter.
On peut donc dire que nous avons quitté (enfin!) la saison des moussons, le kashkazi (ou kashkasi), et nous entrons maintenant dans l'inter-saison du mutulahi (ou matulahi) qui nous conduira à la saison sèche, le kusi, dans un mois environ.
Le mutulahi s'étend généralement d'avril à mai, mais cette année, nous avons connu une saison des pluies qui a débuté un peu tardivement et qui a été très arrosée jusqu'à une date avancée. L'année dernière, il avait très peu plu et cela posait le problème de l'approvisionnement en eau; cette année, les réservoirs sont pleins!
Mais il arrive que des cyclones frappent la région à cette période. Ici, les Mahorais se souviennent des gros dégâts provoqués par le cyclone Kamisy le 10 avril 1984.

Nous avons quand même eu plus de chance qu'aux Comores, où de graves inondations viennent de se produire, entraînant une mobilisation internationale (la France a envoyé depuis Mayotte et La Réunion des tonnes de matériel). Les pluies torrentielles ont commencé le 20 avril et après une accalmie, ont repris le 9 mai: 58 000 sinistrés,10 000 sans-abris, 1600 personnes déplacées, 80 000 privées d'eau potable et surtout 3 morts recensés.
Certains mauvais augures ont même prédit une éruption du Karthala, le volcan (encore actif) de Ngazidja, la Grande Comore! Qu'en pense Allah?

9.5.12

Au revoir Président...

Les Bouénis Mahoraises, vues par un dessinateur mzungu, qui a sorti un premier recueil fin 2011 de ses strips parus quotidiennement dans un journal aujourd'hui disparu.
(rappel: en shiMaore, bouéni, que l'on devrait écrire ɓweni, avec le ɓ "implosif" propre aux langues africaines, signifie ici une dame, mais aussi Madame)
 


En janvier 2010, l'ancien président avait visité Mayotte avec un grand succès, et son équipe avait pour l'occasion inondé l'île de produits dérivés, comme on dit, en l'occurrence ici des milliers de t-shirts que l'on peut encore voir aujourd'hui, en général en piteux état, mais qui risquent devenir "collector" et prendre de la valeur.

7.5.12

Présidentielle: résultat 2ème tour à Mayotte

Publiée par le journal Mayotte Hebdo, la carte des résultats de Mayotte:
À remarquer la participation en hausse par rapport au premier tour, avec une augmentation de 3,30%.
Et bien sûr, le score du nouveau président, qui a augmenté de 12,50% sans arriver à battre le sortant.
Ce qu'avait réussi S. Royal en 2007, mais c'était avant la visite du président en janvier 2010 et la départementalisation.
Mais Mayotte reste l'un des 4 territoires hors métropole avec St Barth-St Martin, la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie Française (et les Français résidant à l'étranger) à résister à la poussée Hollande.
Maintenant, ici, on attend le nouveau ministre des Dom-Tom et pour mettre un peu de pression, on parle d'une reprise de la grève générale de sinistre mémoire pour la semaine prochaine...
Lendemains qui déchantent?

5.5.12

Le Mont Choungui

MLima Choungui en shiMaore, du nom du village au pied de cette sentinelle du sud de l'île.
Quand on se trouve dans cette moitié sud, on ne peut pas ne pas le voir.
Vu de l'ouest, sa silhouette change.

Même en lui tournant le dos, son ombre est impressionnante. (Photo Mayotte Astronomie)
 Et il nous régale au couché (comme on écrit ici) du soleil.(photo Comité du Tourisme)




















C'est le vestige d'un ancien volcan qui était beaucoup plus imposant et qui a vraisemblablement explosé lors d'une éruption. Il ne reste que cette colonne basaltique érodée, le second sommet en altitude avec ses 594 mètres (660 m pour le Bénara).
D'autres disent que le sommet est ce qui reste de Mayotte quand elle était plus haute, car on sait qu'elle s'enfonce petit à petit et qu'elle disparaîtra un jour.
Un GR permet d'y accéder assez facilement même si un passage est très abrupt, où il faut s'accrocher aux racines et aux troncs disponibles sur 150 mètres environ avec une pente moyenne à plus de 60% pour ce tronçon.
Puis on sort de la forêt humide infestée de moustiques pour pouvoir admirer le magnifique panorama à 360°.
On commence par le Nord, avec le massif du Bénara dans les nuages, et admirez le reste sur une chanson de Mikidache:

Les botanistes le connaissent très bien car il y pousse certaines plantes endémiques et même une plante unique au monde puisqu'elle s'appelle Ivodea Chounguiensis ! Mais je ne l'ai pas vue et il n'existe pas de photo publiée! Il existerait aussi une petite araignée Anelosimus amelie spécifique du lieu.

3.5.12

Diho

Voilà un autre artiste Mahorais qui vient de sortir son dernier clip, appelé "Simba", ce qui signifie lion en swahili, une des langues bantoues à l'origine de la déclinaison mahoraise (shiMaore) du comorien.

Ce morceau a été tourné à Mayotte, sur un des îlots de sable blanc. Ce n'est pas le morceau le plus représentatif de cet artiste, mais entre ces 2 tours d'élection française, un peu de musique fera du bien. Après aussi d'ailleurs.
De son vrai nom Saïd Ibrahim, il est né ici mais a passé plus de 20 ans à Marseille, comme beaucoup d'artistes. Il enseigne parallèlement à Mamoudzou les instruments traditionnels, et il se bat notamment pour sauver le dzendze, d'origine africaine (peut-être du Mozambique), qui a pratiquement disparu.
Dzenze Ya Shitsuva
La caisse de résonance est une moitié de calebasse
Démonstration en situation:
Mais il joue aussi du gaboussi (gabusi), autre instrument traditionnel, et se dit influencé par des rythmes mahorais comme le chigoma, très lent, le mchogoro, à l'origine marche nuptiale très lente aussi, et le patrossi.

Un autre de ses grands succès, Usishange (ne t'inquiète pas), raconte l'histoire d'un homme qui, en quittant son pays en Afrique, assure à son ami qu'il reviendra et de ne pas s'inquiéter. Cette chanson a paraît-il été un moment l'hymne que les clandestins refoulés chantaient sur le Maria Galanta, vedette qui les ramène à Anjouan.

Comme quoi, la blessure est profonde et les artistes s'en sont emparés.