28.9.12

Mayotte à l'ONU

À la tribune de l'Assemblée Générale de l'ONU, nous avons vu les premiers pas de F. Hollande comme président de la République Française.
Mais celui-ci a dû avoir les oreilles qui ont sifflé quand "Son Excellence le Docteur Ikililou Dhoinine, Président de la République Islamique des Comores" a pris la parole.
Il a terminé son discours en évoquant bien sûr la situation de l'île "comorienne de Mayotte", de cette façon:
Voir ou revoir ici pour mieux comprendre.
Le récent dernier naufrage évoqué dans la vidéo date du 8 septembre et la visite d'un émissaire français à Mayotte et aux Comores début septembre est la preuve que le nouveau gouvernement veut se pencher sur ce problème mais aucune décision n'a encore été prise.
Mais on n'a jamais autant parlé de cette grave situation que ces derniers mois, et le décès d'un bébé dans les locaux du Centre de Rétention Administrative le 16 août dernier a accéléré la prise de conscience. Enfin!

27.9.12

Les Routes du Crime: Mayotte

Paru dans le Nouvel Obs, annonçant une émission ce soir: “Investigations” à 20h45 sur France Ô.

En préférant l’indépendance, les Comoriens croyaient avoir fait le bon choix. C’était en 1974. Comme ils le regrettent depuis ! Par dizaines de milliers ils entrent aujourd’hui clandestinement sur l’île voisine de Mayotte, dont les habitants ont, eux, voté pour leur maintien au sein de la République française. Considérée autrefois comme l’île la plus arriérée de l’archipel des Comores, Mayotte est devenue un eldorado. En 2011, elle obtient le statut de département d’outre-mer (DOM) à égalité avec La Réunion, la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane. Ses habitants ont droit aux avantages qu’offre l’État français à ses ressortissants, tels la Sécurité sociale et l’indemnisation du chômage.
Entre-temps, les Comores ont dégringolé à la 134e place des pays les plus pauvres. Le salaire de base est huit fois plus bas qu’à Mayotte. Du coup, ce petit bout de France de 200 000 habitants attire entre 60 000 et 100 000 immigrés comoriens chaque année. Un véritable casse-tête pour les autorités policières qui passent leur temps à renvoyer chez eux des hommes, des femmes et des enfants, qui reviennent dès que la somme nécessaire à leur voyage a pu être réunie. Résultat : une personne sur cinq vit, ici, sous le seuil de pauvreté et le taux de chômage frôle les 27 %, deux fois plus qu’en métropole.
La mort, en mer, de 6 personnes le 8 septembre dernier, près de Mayotte, à la suite d’un naufrage qui a fait 27 disparus, illustre cruellement les risques que prennent les Comoriens pour espérer une vie meilleure. Des trois îles de l’Union des Comores, Anjouan, à 70 kilomètres, est la plus proche de Mayotte. Chaque nuit, des dizaines de kwassa-kwassa, ou barques de pêcheurs, s’en échappent. A bord de ces esquifs sans GPS ni équipements de sécurité, entre 35 et 45 personnes qui ont payé de 200 à 300 euros leur passage. « C’est un très très très gros business », dit un douanier ! Trusté par une mafia. La mafia des kwassa-kwassa. A la base, de modestes fabricants comoriens de barques en bois devenus de florissants entrepreneurs capables de corrompre des fonctionnaires, voire des élus locaux, pour perpétrer leur trafic d’êtres humains.
En 2011, 150 clandestins ont perdu la vie dans les eaux du golfe des Comores. Cet afflux d’immigrés sans qualifications bouleverse le fragile équilibre de Mayotte. Ils seraient 10 000 à travailler illégalement sur l’île. Et 80 %, pour les hommes, dans le BTP. La brigade anticriminalité (BAC) traque les employeurs qui utilisent des ouvriers sans titre de séjour. Ces derniers encourent cinq ans de prison. Mais à ce jeu du chat et de la souris, c’est souvent la souris qui gagne. Dès que la police arrive, les clandestins s’éparpillent dans la nature. Ceux qui sont rattrapés vont en centre de rétention en attendant leur expulsion.
Les femmes n’ont, elles, souvent pas d’autre alternative que la prostitution. De nombreuses mineures traînent la nuit dans les discothèques. « Parce qu’elles sont en grande détresse ou qu’elles ont tout simplement besoin d’une paire de chaussures », explique Nathalie Compan, vice-procureur du tribunal de Mamoudzou, le chef-lieu du département. Leur idéal à toutes étant de devenir « soussou », soit la maîtresse d’un Mahorais, et de, peut-être, réussir ainsi à se faire épouser en vue d’obtenir la nationalité française. Quant aux enfants des clandestins, près de 6 000 d’entre eux seraient abandonnés à leur sort parce que leurs parents ont été renvoyés aux Comores.
À Kawéni, un village adossé à une montagne et situé non loin de Mamoudzou, des dizaines de petits, dont l’Etat ne sait que faire, fouillent la décharge pour trouver de quoi manger. Sur les hauteurs, les enfants abandonnés se sont regroupés dans un bidonville. Parfois, ils sont 5 ou 6 frères et soeurs. Les plus âgés s’occupent des plus petits. Les rares associations humanitaires présentes sur l’île leur distribuent de la nourriture. Forcément, dans ce contexte, la délinquance ne cesse de monter avec un phénomène accru de violences, de bagarres entre bandes, de vols aggravés, d’effractions commises sous l’emprise de l’alcool. La drogue des Mahorais.
«C’est difficile, poursuit Nathalie Compan, parce que nous n’avons pas, à Mayotte, de centre éducatif. Donc les réponses alternatives qu'on peut donner à l’incarcération sont très limitées. Trop limitées. » Obtenir d’être régularisé étant quasiment impossible, certains tentent d’atteindre par avion La Réunion, ou mieux encore la métropole, où ils auraient dix fois plus de chances de décrocher un titre de séjour. A l’aéroport international de Dzaoudzi, la police des frontières vérifie scrupuleusement les papiers d’identité. Durant ces six derniers mois, une trentaine de personnes ont été interpellées en possession de faux documents.
Sylvie Véran

3ème Coupe de l'Outre-Mer (3)

Pas de finale pour Mayotte, mais comme il y a 2 ans un match de classement pour la 3 ème place, la "petite finale" comme on dit.

24.9.12

3ème Coupe de l'Outre-Mer (2)

Grâce à Chamsidine Attoumani, qu'on voit ici contre la Polynésie, Mayotte a remporté ce soir son deuxième match de cette compétition en battant la Nouvelle-Calédonie 2 buts à zéro.
Mayotte prend la tête provisoire du groupe et Chamsidine est le meilleur buteur avec 5 buts.
Le match de mercredi sera décisif.
Les bonnes nouvelles ne sont pas si nombreuses à Mayotte pour ne pas s'en réjouir!

22.9.12

3ème Coupe de l'Outre-Mer

C'est du football.
Aujourd'hui, Mayotte a fait son entrée en battant la Polynésie Française par 3 buts à 1.
Même notre président du Conseil Général y a assisté; il est en mission en métropole comme souvent, comme trop souvent disent ici ses détracteurs (mais il est digne de ses prédécesseurs!), et surtout en ces temps de déficit budgétaire.
Depuis 1989, cette manifestation opposait des clubs (coupe des DOM et coupe des TOM), depuis 2008, ce sont des sélections qui se rencontrent.
Voici le programme:
Groupe A: Guadeloupe
                  Guyane
                  Réunion
                  Saint-Pierre-et-Miquelon

Groupe B: Martinique
                  Mayotte
                  Nouvelle-Calédonie
                  Polynésie


Et la sélection mahoraise:

Sélectionneur: Allaoui Bacar (Careca)
Gardiens: Harouna El Amine(Abeilles) et Issa Naoumane (FC Koropa)
Défenseurs: Ambdillah Abdallah (UCS Sada), Mohamed Kamni Chanfi (ASJ Handréma), Bacari Madi (Djidji) et Rafion Kambi (Stam) (Jumeaux de Mzouasia), Moustadrane Ben Malidi (FCM)
Milieux de terrain: Amedy Loutoufy (FCO) Nalhuiroudine Saïndou (UCS Sada), Faïssoil Ridjali (FCM), Houmadi Youssouf (FC Koropa), Abdou Lihariti Antoissi et Ben Housman Mohamadi (Foudre 2000), Mhamadi Colo Vitta (FC Chiconi), El Yanour M'colo (FCL)
Attaquants: Yahaya Moudhoihirou (Barakani), Chamsidine Attoumani (Iloni), Saïndou Bamoudou (US M'tsamoudou).
C'est Chamsidine Attoumani qui a réalisé un coup du chapeau en inscrivant les trois buts de la victoire.
Le favori est le tenant du titre, la Martinique qui a remporté la coupe en 2010, la Réunion ayant gagné la 1ère en 2008.
Le match de mercredi à Saint-Ouen l'Aumône sera sans doute l'affiche de ce groupe.

21.9.12

État des lieux

Paru dans un journal en ligne, Mahotte Hebdo, un éditorial intéressant publié sous le titre :

"On n'a pas le droit de baisser les bras! 


Même si 80% des écoles ont eu un avis défavorable de la commission d'hygiène et de sécurité pour ouvrir l'an dernier et que nos enfants apprennent dans des écoles parfois sales, parfois insalubres, parfois dangereuses,
Même si les autorités ne sont pas capables de tenir une seule salle de cinéma ouverte,

Même si l'aménagement des plages a à peine démarré et que le camping de Bouéni n'existe pas malgré les subventions versées,

Même si le pont de Tsoundzou met des années à s'élargir,

Même si l'Etat n'arrive pas à construire assez vite, en dur, les établissements scolaires du secondaire,

Même si la MJC de Kawéni était prévue il y a près de 10 ans, avec une annexe du commissariat et qu'elle n'a toujours pas vu le jour,

Même si la MJC de Cavani, dévastée, n'a toujours pas de gestionnaire, tout comme les équipements sportifs territoriaux, le gymnase, le dojo, le centre de stockage des déchets de Dzoumogné,

Même si les embouteillages grossissent chaque jour parce que nos élus ont validé le Padd qui imposait l'absence d'aménagements routiers et qu'en parallèle n'a pas été mis en place le transport public pourtant prévu,

Même si les hauteurs de Kawéni, de Cavani, de Koungou, Combani, Vahibé… sont surpeuplées de clandestins, d'êtres humains vivant hors-la-loi par dizaines de milliers sur ce tout petit territoire, dans des conditions indignes, avec des enfants à l'abandon, qui versent toutefois des loyers, travaillent souvent en étant sous-payés par des gens qui entretiennent sans réfléchir à leurs conséquences cette population,

Même si l'aquaculture a tant de peine à se développer, si les projets d'hôtels lancés par le CG et le préfet Boisadam ne sortent toujours pas de terre, faute de soutiens politiques, de suivi sérieux des dossiers,

Même si le front de mer de Mamoudzou est infâme, honteux, dégueulasse, si les déchets s'amoncellent dans les eaux usées à proximité des stands de brochettes neufs mais déjà à l'abandon, souillés,

Même si il y a 3 ans on accueillait plus de 50 paquebots de croisière par an, contre 5 l'an dernier,

Même si le chômage a cru de 25% en un an et que 3.500 jeunes arrivent chaque année sur le marché du travail,

Même si les investisseurs qui pourraient permettre de créer de l'emploi repartent dégoûtés par l'absence d'interlocuteurs et ceux qui sont là s'inquiètent, s'interrogent sérieusement,

Même si nos élus sont beaucoup trop souvent en voyage, incapables de faire avancer les dossiers importants, de mobiliser les énergies, de diriger leurs équipes,

Même si les effectifs pléthoriques dans les collectivités locales vont plomber leurs comptes pendant 20 à 30 ans, les empêchant de dégager de quoi investir, les empêchant d'embaucher des jeunes compétents et si nécessaires, les empêchant de développer les projets de développement tant attendus par la population,

Même si le développement économique reste un chantier en friche, à l'abandon pour le Conseil régional et la plupart des communes,

Même si le Cnam, l'Apredema, le Cirad ont fermé

Même si les taxes sont élevées à l'entrée de tous les produits sur le territoire pour financer ces emplois inutiles dans les collectivités locales, participant à rendre la vie chère,

Même si certains syndicats continuent de se battre contre la vie chère alors qu'ils devraient se battre pour la création d'emplois, seule solution pouvant augmenter les revenus disponibles dans les familles et donc rendre la vie moins chère,

Même si les trous dans les routes nous font penser à un territoire sous-développé,

Même si la "bombe à retardement", évoquée par celui qui était alors député Mansour Kamardine il y a déjà quelques années, concernant les naissances par milliers dans les maternités de l'île et aujourd'hui la jeunesse "clandestine", est en train d'exploser à la face de Mayotte,

Malgré ces problèmes et tant d'autres,

On n'a pas le droit de baisser les bras !"

20.9.12

Retour à la dure réalité

Les mois de septembre sont compliqués à Mayotte.
Celui-ci ne déroge pas à la règle:  des grèves (bien sûr illimitées, ah mais!) sont annoncées, et si on sait comment elles débutent, on craint pour la suite, qui peut dégénérer très rapidement. La modération et la responsabilité des acteurs, on ne connaît pas.
Mais il y a aussi, toujours présent, insidieux, le malaise des jeunes et le malaise qu'ils suscitent chez les autres car on sait qu'ils sont incontrôlables et incontrôlés, et que le plus petit prétexte peut engendrer de graves conséquences.
Exemple hier, relaté dans un article du Monde, pour prendre un peu de distance:


Huit personnes, dont trois policiers, ont été légèrement blessées mercredi dans des affrontements entre jeunes à Mayotte, qui ont également provoqué des dégâts matériels, a-t-on appris de source policière.
Les incidents ont eu lieu à Kaweni, au nord de Mamoudzou, chef-lieu du département de cette île de l'océan Indien. Une voiture a été incendiée, deux autres endommagées, et des cars de transport scolaire ont été caillassés.

Selon la même source, les affrontements ont opposé des jeunes de deux localités voisines, Kaweni et Koungou. Le différend pourrait être lié à un vol de téléphone portable.

Alors que les jeunes s'en prenaient aux automobilistes, aux bus et aux cars, la police est intervenue, faisant usage de gaz lacrymogène. Outre les trois policiers, les cinq autres blessés sont des passants.

La société Matis, qui assure les transports scolaires dans l'île, a décidé d'exercer son droit de retrait et de ne pas assurer le service jeudi sur tout le département.

Je vous fais cadeau des photos, qui rappellent de tristes souvenirs de l'an passé.
Les jeunes en question se comptent par centaines, c'est ça qui est impressionnant et inquiétant.
Je connais des personnes qui n'ont pas dormi chez elles ou qui sont rentrées dans la nuit, la circulation étant bloquée.
Ce matin, comme il n'y avait aucun bus scolaire, d'autres jeunes ont barré l'accès à Mamoudzou sous prétexte que puisqu'on les empêche d'aller en cours, ils empêchent les gens d'aller travailler! 
Résultat: un immense embouteillage (les autres matins ce n'est qu'un grand embouteillage) et ceux qui ont tout de même rejoint leur lieu de travail sont arrivés avec plus d'une heure de retard.
Mais la situation est condamnée à rester explosive à chaque mouvement d'humeur, demain, dans un mois ou plus tard. Les Mahorais demandent plus de moyens, c'est facile et ça évite de se remettre en cause.
Et tout le monde redoute la reprise de la grève contre la vie chère: on a fait des réserves...

17.9.12

Le Bénara

Mlima Bénara ( la colline ou montagne Bénara en shiMaore, choisissez!) est le point culminant de l'île. Pas très élevé, mais l'île est petite, il suffit pourtant à transformer toute humidité en nuages presque toute l'année. La forêt qui le recouvre est donc une forêt tropicale humide.
Le GR qui traverse Mayotte passe par les deux sommets.

La latérite, typique des sols tropicaux, riche en fer.


Pandanus Mayottensis, endémique

En de très nombreux endroits de l'intérieur de Mayotte, on trouve ces padzas.
C'est le résultat de la déforestation pratiquée par les Mahorais pour y faire des plantations
qui ont été abandonnées ou pour faire du charbon de bois.
Résultat: c'est une catastrophe écologique qui érode rapidement les sols
et qui menace la forêt tropicale de disparition.

La sève de cette arbre fournit une gomme.

Beaucoup de fougères épiphytes.
Il y a même des orangers sauvages en fruits (très acides!)
 alors que la saison est terminée en plaine


Une fois au sommet, la vue est évidemment très belle. Toutefois, la végétation ne permet pas de voir à 360°, par exemple Petite-Terre.
Vue vers le nord

Vers le sud, avec le Choungui en sentinelle


11.9.12

Dauphins et baleines dans le lagon

C'est la pleine saison des baleines à Mayotte.
Dès qu'on sort un peu du lagon, on est sûr de naviguer parmi les dauphins, à n'importe quel moment de l'année, mais pendant l'hiver austral, de juillet à octobre s'y ajoutent les baleines venues de l'Antarctique.

En ce moment, il doit y avoir une vingtaine de cétacés, généralement des baleines à bosse comme celle de la photo. Le 9 septembre, nous en avons aperçu 8: deux couples mère-baleineau et une femelle courtisée par trois jeunes mâles.
Plus des dauphins stenelle, et nous avons croisé in extremis la route d'un autre cétacé, orque ou rorqual, on ne sait pas trop.
Cette fois vous les voyez en images animées, à condition d'avoir le haut-débit.
Voir également de précédents messages: danse avec les dauphins , dauphins et baleines , Coucou nous revoilou.

6.9.12

Festival Intermizik 2012

Ce weekend, ça va bouger à Mayotte!
C'est le 14 ème FIM, festival de musique(s) qui aura pour têtes d'affiches cette année, Sexion d'Assaut, le groupe de rap français qui caracole en tête des hits parades, et l'africain de Paris et chouchou des Mahorais, Tiken Jah Fakoly.
Le FIM prendra place pour la première fois sur la place de la République les 6, 7 et 8 septembre. Les concerts devraient être gratuits, conformément à la promesse du président du Conseil Général Daniel Zaïdani. Malgré les quelques 235 000 € que le festival coûtera et les caisses vides du Conseil Général!

4.9.12

Les Avengers de Mayotte

Lui se fait appeler Mister Mayotte et a été officiellement nommé en juin dernier pour 1 an.
Elle a été nommée au poste de Miss Mayotte le 1er septembre.
Avec eux, Mayotte n'a rien à craindre, ils la défendront haut et fort.

Mais ici, tout le monde compte sur eux et en parle beaucoup.