26.7.12

Les Ripoux à Mayotte

Un vrai scénario pour faire un Ripoux 4 et qui se passerait à Mayotte.
En janvier 2011, une jeune fille de 18 ans, prénommée Roukia, est retrouvée morte sur une plage près de Mamoudzou.
Très vite, toute la presse locale s'empare de ce filon qu'ils espèrent juteux.
On parle d'insécurité. Tout faux.
On arrête son copain, qui sera relâché plus tard.
Entre temps, la victime est autopsiée, mais comme il n'y a pas de légiste à Mayotte, on doit attendre la venue d'un de La Réunion, quelques jours après.
Il s'avère que la jeune Roukia est morte d'une surdose d'héroïne.
Ici, on n'entend pas souvent parler de drogues dures.
Une drogue circule parmi tous les jeunes, on l'appelle ici le bangué, à La Réunion c'est le zamal, mais c'est une drogue douce, genre cannabis sans doute mélangé.
Mais l'héroïne, c'est une autre affaire. Mayotte, de par sa situation, est appelée à devenir une plaque tournante du trafic de stupéfiants, entre l'Europe et la région. C'est sans doute un peu déjà le cas.
Donc, Roukia est décédée d"une surdose de drogue. Les policiers et gendarmes cherchent à remonter la filière.
Cela prend pas mal de temps, et on apprend un jour que la drogue viendrait.... de la gendarmerie!
En effet, il est révélé que les forces de l'ordre fournissent la drogue à des informateurs qui leur signalent les immigrés Comoriens clandestins en échange. Scandale! La presse est aux anges.
Pus tard, on apprend que le vice-président chargé de l'instruction au TGI de Mamoudzou a demandé, avec l'accord de sa hiérarchie, les fadettes (factures téléphoniques détaillées) de deux magistrats, d'une greffière et de quatre avocats. Ce magistrat, Marc Boehrer, cherchait à savoir qui avait pu faire fuiter dans la presse locale un certain nombre d'éléments concernant une enquête en cours de son collègue, le juge Hakim Karki, sur le décès de Roukia.
Scandale dans la justice!
Des gendarmes impliqués dans un trafic de stups, une justice corrompue, mais où va-t-on?
Devant ce climat malsain, l'affaire en instruction est dépaysée à La Réunion.
Dernier rebondissement en début de semaine révélé par Le Point.fr, un indic mécontent a balancé au juge qu'en échange de ses renseignements, on lui a promis un titre de séjour, et donné un laissez-passer pour ne pas être expulsé.
APRF: arrêté préfectoral de reconduite à la frontière


Il aurait effectué plusieurs missions mais est aujourd'hui incarcéré et amer, donc il balance.
Que vaut sa parole? Sans doute pas plus que celles de ses accusateurs, mais ça fait quand même désordre!
Un vrai bon polar... Si un cinéaste est intéressé, qu'il s'adresse au GIR de Mamoudzou.
Et l'État dans tout ça? D'après l'avocat de l'indic, il ferait tout pour étouffer l'affaire. 

17.7.12

Naufrage d'une politique

C'est ce qui ressort des commentaires de plus en plus nombreux de la presse "nationale" après un nouveau drame .
Vendredi dernier, 4 femmes et 3 enfants ont péri en mer au large de Mayotte, après le naufrage de leur kwassa-kwassa venant d'Anjouan. Il faut sans doute ajouter les 6 disparus à ce bilan.
Des immigrants dans un kwassa-kwassa tentent de rejoindre Mayotte
(Photo réalisée par la gendarmerie en 2007). © AFP
Encore un, mais ces naufrages font de plus en plus de vagues à Paris, du Sénat au gouvernement et dans les médias. ENFIN!!
Puisque la politique menée jusqu'ici ne donne pas de résultats, on va peut-être en envisager une autre.
En 2011, les autorités ont expulsé 26 405 personnes dont 5 389 enfants, record national! Mais la plupart d'entre eux reviennent dans ces bateaux de la mort.
On vient d'annoncer la prochaine construction d'un second CRA (Centre de Rétention Administrative) afin d'améliorer les conditions de rétention des futurs expulsés.
Car à Mayotte, où ne s'applique pas le droit commun du Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile (Ceseda), la durée moyenne de rétention est de 20 heures (quand elle a lieu) avant une expulsion par bateau. La circulaire du ministère de l'Intérieur rendue publique le 7 juillet et recommandant d'assigner les familles de sans-papiers avec enfants à résidence plutôt que de les placer en rétention ne s'applique pas ici. L'île est trop soumise à l'immigration.
Soit, mais on prend encore le problème à l'envers.
Il faudra bien arriver à empêcher ces kwassas, et pas en les interdisant, ce n'est pas possible. Prendre le problème en amont, à Anjouan précisément est la seule issue.
Construire une maternité, renforcer la surveillance des côtes anjouanaises et coopérer avec l'état Comorien.
Victorien Lurel était à Mayotte ces derniers jours, les élus lui en ont sûrement parlé...

13.7.12

Mayotte devient RUP

RUP signifie Région Ultra-Périphérique, sous-entendu de l'Union Européenne.
Cela signifie que l'Europe reconnaît que l’insularité et l’éloignement rendent difficile le développement de Mayotte. Par conséquent, les produits agricoles et de l’île seront privilégiés pour alimenter les marchés européens. Et surtout, elle bénéficiera de financements européens dans l’objectif de faire progresser ses infrastructures, et son économie. Sur la période 2007 – 2013, les RUP bénéficient d’un total de 7,8 milliards d’euros en provenance de l’UE.
 Mayotte rejoint donc le clan et devient donc la huitième RUP aux côtés des Dom français mais aussi des Açores, des Canaries, et de Madère.
Évidemment, les Mahorais attendaient cette décision depuis longtemps car ici, on a mis en avant le côté aide financière, qui pourrait être de l'ordre de 300 millions d'euros rapidement, en 2014, ce qui est énorme. À condition que cette somme soit bien employée et arrive bien là où elle est destinée. Mais il y aura sûrement un suivi des projets déjà présentés dans le dossier initial.
Pour les produits de l'île, il y en a peu mais cela encouragera sans doute les bonnes volontés à créer des entreprises ou exploitations.
C'est donc une bonne nouvelle, il y en a trop peu en ce moment pour ne pas espérer des lendemains moins pauvres pour les habitants du 101ème département français.
Déjà, les Comores parlent de hold-up territorial de l'Europe sur les îles de l'archipel...

3.7.12

Les 8èmes Jeux de la CSJOI

Les 8èmes jeux de la Commission de la Jeunesse et des Sports de l'Océan Indien (CJSOI) se dérouleront aux Comores du 9 au 16 juillet prochain.
Ces jeux regroupent des jeunes de 14 à 18 ans issus de l'Océan Indien. Seront présents les athlètes des Comores (pays organisateur), de Mayotte, de la Réunion, de l'île Maurice, de Madagascar, des Seychelles et de Djibouti.
Là, on pourrait se dire qu'ils constitueront un bol d'air pur pour Mayotte. Et pourtant...
Ils sont organisés par les Comores et depuis que cette décision a été prise, les dirigeants de cette République sont sous les critiques.
En effet, il a été décidé après plusieurs hésitations que Mayotte pourrait y participer mais pas question de représenter les couleurs françaises et l'hymne national ne sera pas joué: la raison étant que Moroni revendique toujours le retour de l'île aux parfums dans le giron comorien (voir ici), donc pas question d'entériner Mayotte département de la République Française!
L'an dernier, le problème s'était posé pour les Jeux de l'Océan Indien aux Seychelles. Les athlètes Mahorais avaient défilé sous un drapeau générique:
Août 2011: drapeau français pour La Réunion, au fond, mais pas pour Mayotte!
Ce qui s'appelle ne pas lâcher le morceau.

En attendant, les "disciplines" qui seront proposées lors de cette 8ème édition sont : 
Assemblée des Jeunes à Moroni
Athlétisme (garçons et filles) à Moroni
Basketball (garçons) à Anjouan
Football (filles) à Mitsamiouli
Musique / Orchestre de l'Océan Indien à Moroni

La délégation mahoraise sera composée des basketteurs et des footballeuses.
À noter: les jeux commenceront avec un jour de retard car les dirigeants mahorais n'avaient pas réservé d'avion assez tôt!

2.7.12

Mayotte va de plus en plus mal

Mayotte est une île à la dérive.
Depuis les émeutes d'octobre dernier, j'ai déjà écrit que l'île s'enfonce inexorablement dans l'insécurité. Pour ne pas tout voir en noir, j'ai limité ce genre de témoignages (peut-être pour me remonter le moral à moi aussi par moments).
Mais la vérité est là: Mayotte devient de plus en plus difficile à vivre.
Lisez "je quitte Mayotte, département français au rabais" un nouveau témoignage de ces candidats à un départ anticipé.
Ils sont de plus en plus nombreux et on se demande comment la situation évoluera.
Ce matin, j'ai signé une pétition qui appuie ce que vous venez de lire.
Tout ce qui y est écrit est vrai, même si la télé a relayé un message de la police implorant la population de ne pas céder à la psychose tout en reconnaissant l'impuissance des forces de sécurité à ne pas pouvoir faire grand-chose face à des mineurs, souvent à l'origine des agressions.
Pourtant, elles sont quotidiennes, parfois se terminent mal, mais sont toujours très mal vécues et génèrent un stress permanent.
Alors on a l'impression d'être livrés à nous-mêmes, d'espérer que rien ne nous arrive.
J'ai souvent entendu parler d'insécurité en métropole, maintenant je sais ce que c'est.
J'ai souvent entendu parler de stress en métropole, maintenant je sais que, comme en février, quand je vais quitter cette île momentanément, je ressentirai une délicieuse sensation de relâchement à l'idée de ne plus surveiller ce qui se passe autour de moi. Je vais bâiller de plaisir pendant plusieurs heures!
Et après?
Nos députés fraîchement élus se pavanent (ça ils le font bien!), notre sous-recteur se prend pour un Roitelet (et ses sous-roitelets avec) en dictant sa loi au mépris (ou avec l'aval?) de son ministère; d'ailleurs, j'en serai bientôt la prochaine victime car j'ai suivi les consignes de mon ministre et pas les siennes. Puis, il repartira piètrement en métropole avant terme lui-aussi!
On nous reparle de grève à la rentrée, les jeunes qui y voient une occasion de commettre leurs exactions au grand jour se frottent déjà les mains: depuis octobre dernier, ils savent qu'ils peuvent agir en toute impunité, ça ils l'ont bien compris.
Les Comores revendiquent toujours plus Mayotte comme étant la 4ème île comorienne, ajoutant un peu plus de confusion dans les esprits, la rupéisation promise de l'île aux parfums est repoussée à une date ultérieure: décidément, on va droit dans le mur.
Il manque ici l'expérience et la compétence, sans doute de la volonté politique au niveau de l'État, mais surtout du sens moral de la chose publique, de la responsabilité et de l'humilité de la part des dirigeants mahorais, dans le domaine public et la société civile, etc, etc...
Vaste programme, mais très urgent.