22.6.11

Couac à la Fête de la Musique 2011

Tous les 21 juin, comme partout, c'est le jour de la fête de la musique.
Plusieurs concerts étaient prévus à Mayotte et le plus important sur la place de la République à Mamoudzou.
Seulement voilà, on est à Mayotte et comme je l'ai déjà dit plusieurs fois, les choses ne sont jamais simples ici.
Donc le concert était prévu, le prestataire de service contacté et présent, les artistes invités mais il manquait la commande en bonne et due forme de la DILCE, la commission culturelle du Conseil Général qui est l'organisateur de toutes les grandes manifestations culturelles à Mayotte, ainsi que du cinéma.
Organisateur et surtout payeur!
Or, le directeur de la société de concerts attend toujours son bon de commande, qui n'a jamais été confirmé, et le concert a été annulé en cours d'après-midi...purement et tout simplement.
Montée le matin et démontée l'après-midi

Sur Grande-Terre, quelques bars ont assuré le minimum mais point de méga concert.
Coup de Trafalgar, trahison, mépris des Mahorais, outrage,etc les commentaires sont nombreux dans la presse ce matin.
Non, simplement amateurisme, incompétence, manque d'organisation, de gestion, et peut-être aussi de moyens.
Mais...
L'affiche officielle relookée pour Mayotte
Mais heureusement, une mairie, celle de Pamandzi sur Petite-Terre, a réussi, elle(!), son concert et a même bénéficié de la venue des artistes prévus à Mamoudzou. Le concert était même retransmis en direct et en intégralité sur Mayotte 1ère, qui a fourni les moyens techniques.
On a entendu beaucoup de genres de musique, dont LE genre d'ici, le M'Godro (qui est comme le maloya à La Réunion, ou le séga à Maurice), et qui allie musique et danse avec des origines malgaches, mais aussi rap, hiphop, reggae, RnB, et musiques plus traditionnelles.


Zainouni. Elle représentera Mayotte aux Francofolies 2011

Au moins les Petits-Terriens et les courageux Grands-Terriens qui auront dû affronter l'aller et surtout le retour en barge de nuit avec beaucoup d'attente, en ont pris plein les oreilles.
Pour les autres, on attendra l'année prochaine...

18.6.11

Télé et radio à Mayotte

Qu'est-ce qu'on regarde à Mayotte?
La TNT est arrivée sur l'île le 30 novembre 2010 et les émissions analogiques vont s'arrêter le 31 octobre 2011.
Mais les coûts d'acheminement étant élevés, certaines des chaînes de la métropole ne sont pas diffusées car la population n'est que de 200000 habitants et les annonceurs publicitaires trouvent que ce n'est pas rentable!
Voilà ce que la TNT propose ici:

Plus France 2 HD, Arte HD et France Ô HD.
Mayotte 1ère est le nouveau nom de RFO Mayotte, devenue Télé Mayotte, donc appartient à France Télévisions.

C'est la chaîne la plus regardée, si l'on en croit la première enquête Médiamétrie qui vient d'être publiée:

FRANCE 2   5,6 %
FRANCE 3   3,4 %
FRANCE 4   2,5 %
FRANCE Ô  7,8 %
MAYOTTE 1ère 51,0 %
RÉUNION 1ère 12,6 %
Mais TF1, Canal+ et M6 n'y figurent pas, alors que TF1 se classerait 2 ème, regardée sur le satellite. 

Il existe également 2 bouquets satellite: Canalsat Réunion et Parabole Mayotte. 
Nous avons Canalsat pour 8 € par mois avec le minimum de chaînes, soit celles de la TNT plus ITélé, TV5 Afrique, ORTC (la télé des Comores), Malagasy (la télé de Madagascar), quelques canaux réunionnais surtout musicaux, L'Équipe TV, LCP/PublicSénat, Réunion 1ère, Antenne Réunion, Disney Channel pour Corentin et quelques radios.
Nous avons Canal+ en clair mais avec un jour de décalage, mais sans la pub, tout comme M6, mais avec la pub !! Pittoresque...
Sur Parabole Mayotte, à peu près équivalent, vient d'apparaître une nouvelle chaîne, Kwézi TV, première chaîne commerciale locale. Kwézi signifie 'bonjour' en shimaoré.

Qu'est-ce qu'on écoute à Mayotte ?
Côté radios, Mayotte 1ère arrive en tête également, devant Kwézi FM, RMJ (Radio Mayotte pour les jeunes, elle fait partie de Mayotte 1ère) et d'autres stations comme Ylang FM, Caribou FM (caribou signifie 'bienvenue'), Radio Islam, Radio Dziani sur Petite-Terre.
À noter que France Inter est la seule à disposer d'un canal en direct et en permanence parmi les radios de métropole (les autres ne sont pas intéressées, trop cher et pas de rentrées publicitaires!).

16.6.11

Éclipse

Nous aussi, nous avons pu admirer à partir de 21 h 25 ce phénomène rare.
Les conditions étaient excellentes mais les clichés amateurs sont moins beaux que la réalité.




21 h 50: et la lune voulut ressembler à Mars:

13.6.11

Les îlots Choizil et Mtsamboro

 Sortie en mer vers les îlots du nord:
Un des îlots Choizil, au fond Grande-Terre

Le second îlot avec à gauche un rocher, les 2 séparés par une langue de sable
À marée basse, on peut relier les 2 en courant sur le sable
 Un peu plus éloignée se trouve une île plus grande, d'ailleurs habitée: Mtsamboro.
Nous avons choisi une petite crique de sable blond, ce qui est rare à Mayotte.
Pique-nique avec notre copine de Charente, Julie
 Pendant que nous mangions, un bébé tortue s'est d'ailleurs précipité dans la mer sous nos yeux. Pas de photo...
Comme sur beaucoup de plages mahoraises, des tortues viennent pondre, de préférence la nuit et ces traces le prouvent.
Sous ce monticule, des œufs sont peut-être enfouis, mais les tortues font parfois des leurres et vont pondre plus haut et plus à l'abri. Pas si bêtes...
Nous revenons vers Grande-Terre en contournant Mtsamboro
 Petite plongée sur le récif de La Prévoyante et coucher de soleil en or en revenant de la barrière de corail pour terminer.

10.6.11

Dernier de la classe

Les résultats des évaluations nationales de CM2 sont tombés.
Plus de 800.000 enfants ont été "testés". Et la situation dramatique saute aux yeux : Mayotte est à la dernière place du classement, loin derrière la Guyane, en compagnie des autres territoires d'Outremer, et très loin derrière tout le reste des élèves français.
Classement des académies selon les résultats obtenus aux évaluations en français et en mathématiques.

Bon alors, bien sûr, nous, on le savait. On n'est pas surpris, ni même désabusé et tout le monde pense ici que cette évaluation nationale, déjà critiquée en métropole, n'est absolument pas adaptée à Mayotte tant les élèves ont d'autres soucis à résoudre avant de s'étalonner à leurs petits camarades de là-haut. Imaginez-les petits métros passer ces tests rédigés en shimaoré!!! Les résultats ne seraient pas beaucoup plus favorables. Et encore, ils sont beaucoup plus éveillés dès leur naissance avec les jeux éducatifs que le Père Noël leur apporte depuis qu'ils ont 1 an, les petits livres, éducatifs eux aussi et tout l'environnement dans lesquels ils baignent. 
Non, vraiment, les petits Mahorais ne peuvent pas rivaliser. Ils sont bien contents quand leur mère les emmène en brousse, à la rivière pour leur lessive ou simplement lorsqu'ils trouvent un bout de fil de fer, un vieux pneu ou des emballages en polystyrène pour jouer!
Seuls 18 % iront au bac, les autres...ont un besoin urgent que l'on s'occupe d'eux en leur apportant un enseignement adapté et sans ces olympiades du savoir pour lesquelles ils ne sont pas encore sélectionnables mais sélectionnés quand même.
Qu'on leur donne déjà un cahier et un crayon à la rentrée prochaine!
N'empêche que ces petits, nous on les aime et qu'ils nous disent tous bonjour quand on passe, même en voiture. Là, ils sont premiers.
Ah! J'oubliais: bravo Paris!?

9.6.11

Notre presque-recteur

Les services de l'Éducation de Mayotte ont à leur tête un vice-recteur, M François-Marie PERRIN, fraîchement débarqué de Nice en même temps que nous en août dernier.

Il avait déjà soulevé la polémique il y a quelques mois en s'embourbant dans une justification pour le moins douteuse du manque d'équipements scolaires de l'île au vu de la population scolaire, en soutenant que "le rythme de construction scolaire ne pourra jamais suivre le rythme de l'utérus des Mahoraises" ! D'un goût...

Le 27 mai, il recommence ses saillies douteuses sur une radio locale, en affirmant que: 
« Il y aussi la problématique de l’accent (…), que nos enfants puissent s’exprimer couramment sans accent devant les gens qui vont leur donner un travail et devant l’ensemble de la société »
Pourtant moins provocateurs, ces propos ont déclenché ici l'indignation des Mahorais, blancs ou noirs, qui demandent son départ!
Le député de Mayotte, déjà cité ici dans ce blog, est monté lui aussi au créneau:

Inacceptable mépris anti-républicain

Pour la énième fois, il est imputé à un fonctionnaire muté à Mayotte, des propos malveillants à l'encontre des Mahorais. Et pour ne s'arrêter que sur la dernière perle en date, il importe de rappeler que le vice-recteur reproche à nos jeunes leur « accent » local et leur enjoint de renoncer à ce particularisme linguistique sous peine d'une pénalisation aux épreuves orales des concours nationaux.
Cette déclaration péremptoire est non seulement dépourvue de tout fondement, puisqu'elle ne repose sur aucune instruction ministérielle ni sur aucun précédent concret, mais encore gravement anti-républicaine.
En effet, Mayotte et sa population se caractérisent par de nombreux handicaps, retards et autres particularismes soulignant leur singularité.
Cependant la République leur reconnaît expressément et la qualité de composante à part entière de notre pays et la pleine citoyenneté conformément au principe fondamental d'égalité devant la loi.
Dès lors, cette bévue est profondément anticonstitutionnelle. Il suffit pour s'en convaincre de se référer aux articles 1er, 75 et 75-1 de la Constitution qui consacrent la primauté de l'idéal d'égalité, le droit au statut civil de droit local mahorais et l'appartenance de nos parlers locaux au patrimoine national.
De plus, ce propos insensé est irrémédiablement non-conventionnel dans la mesure où il est contraire aux dispositions de la convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et de la charte européenne des langues régionales ou minoritaires qui, elles, imposent la préservation du pluralisme culturel et linguistique dans les pays européens.
Compte tenu du titre officiel de l'auteur de ce dérapage verbal, c'est purement et simplement l'éducation nationale elle-même qui trahit, dans notre île, sa vocation première si bien rappelée par le préambule de la Constitution de 1946.
Ce contresens est inadmissible car le propre de ce service public réside dans la transmission aux nouvelles générations des valeurs d'égalité de tous les citoyens et de respect mutuel qu'ils se doivent, quel que soit leur origine, leurs conditions économiques et sociales, leurs croyances ou leur lieu de résidence en centre ville, en banlieue ou ailleurs outre-mer.
Outre cette illégalité manifeste, le propos dénoncé traduit incontestablement, au-delà de la sempiternelle condescendance de certains fonctionnaires en service dans l'île, un véritable mépris des Mahorais.
Viendrait-il à l'esprit d'un recteur d'académie, où qu'il se trouve sur le territoire national, de reprocher aux élèves leur accent régional ? Alors pourquoi certains se permettent-ils ici de telles désobligeantes agressions à l'encontre de nos enfants alors qu'ils ne remarquent même pas l'accent si particulier du Sud-Ouest colporté par des jeunes fraîchement débarqués dans notre île avec leurs parents ?
Compte tenu de cette tendance à dénigrer systématiquement la population de ce territoire, force est de souligner que Mayotte constitue dorénavant une collectivité unique de l'article 73 de la Constitution. Dans ce cadre, parce que le droit commun reste la règle, personne ne doit ignorer que les Mahorais ont les mêmes droits que n'importe quel compatriote français. La départemen talisation engagée ici n'implique aucunement l'assimilation, d'ailleurs jamais réalisée en métropole ou quelque part outre-mer, tant et si bien que partout les langues régionales demeurent usitées et enseignées, avec l'accent du crû s'il vous plaît, par l'ensemble des écoles de notre République, à l'exception notable de celles de Mayotte.
De plus, le nouveau statut de l'île, loin de prôner l'uniformité, restaure au contraire notre droit à la différence en nous concédant le pouvoir d'exiger des adaptations, des dérogations et même des habilitations à légiférer, nous-mêmes, dans certaines matières.
L'heure est donc venue de réclamer un total respect de la population de Mayotte aux agents publics à son service.
A cet effet, je propose à l'ensemble de la population de notre île, et spécialement aux élus ainsi qu'aux formations politiques, de soumettre à l'Etat une proposition d'habilitation du conseil général à réorganiser le statut civil de droit local afin de remédier rapidement à cette déplorable situation en mettant en valeur l'identité mahoraise.
Abdoulatifou ALY
Député de Mayotte
Le 8 juin 2011

Décidément, le climat de la vie publique en France est pour le moins délétère en ce moment...

2.6.11

Les doukas

Ce sont ces petits commerces typiques du village mahorais. Il y en a dans toutes les rues, souvent plusieurs, séparées par quelques habitations, signalées en général par une enseigne fournie par Coca-cola (!) avec un nom dessus, au rez-de-chaussée d'une maison ou magasin à part entière. Il faut souvent réveiller le commerçant pour être servi mais une fois réveillé il est très ...commerçant. Et ils sont toujours ouverts!
On y trouve ce que nous on appellerait les marchandises de première nécessité mais pour les Mahorais des marchandises tout court. Les doukas peuvent être de toutes petites à supérettes, épicerie, droguerie, bazar, boutique de vêtements, d'artisanat... bref très diversifiées. Mais dans presque toutes on y vend des boissons (surtout les sodas dont les jeunes et moins jeunes raffolent) et des cartes téléphoniques très utilisées ici (SFR, Only et Orange).
Donc, comme on dit en métropole, elles sont incontournables et constituent un élément du patrimoine mahorais.

Seulement, le département arrive, et avec lui l'arsenal des textes commerciaux, administratifs, fiscaux et sanitaires. Ces petits commerces vitaux pour les habitants sont aujourd'hui menacés.
Ils sont accusés de favoriser le travail dissimulé, car ils sont familiaux et difficile de savoir qui emploie qui.
Les prix ne sont pas toujours affichés, les normes d'hygiène pas respectées. Il est vrai que ces magasins sont très souvent équipés en vitrines réfrigérées et que si la température intérieure y est globalement acceptable, ces dispositifs dégagent tellement de chaleur qu'à l'intérieur de la boutique les ventilateurs brassent un air à 50 °C! Pas très bon pour les conserves ou autres denrées (riz, œufs, gâteaux secs, etc ...) qui s'y trouvent...
La propreté est ... mahoraise, c'est-à-dire loin de l'aseptisation à l'européenne mais est-ce mieux ?
La sécurité (extincteurs, rayonnages "annapurnesques" instables ...) pêche également.
Alors, ceux qui ne pourront ou ne voudront pas se plier à la législation risquent fort de fermer boutique. Et ce serait bien dommage pour nous, mzungus de passage, mais catastrophique pour les Mahorais qui n'ont pas les moyens d'aller à Mamoudzou faire leurs achats courants; et que dire des nombreuses familles qui en vivent.
Ah! Le progrès ne fait pas que des heureux...