31.12.11


Noël à la bougie

La soirée de Noël s'est déroulée à la bougie dans toute l'île.
Romantique, non?


Non! Rien de romantique dans tout ça, juste un autre conflit social qui ne débouche pas, à savoir EDM (électricité de Mayotte) qui se met en grève le 21 et des coupures pratiquées par les grévistes devant le refus de leur direction de leur octroyer les mêmes primes que leurs collègues ultramarins et le même statut que ceux de métropole, et leur direction qui leur dit qu'il faut s'adresser à l'État.
Mayotte étant à plus de 95% musulmane, les wasungus à priori chrétiens se sont sentis visés par cette coupure et les commentaires et accusations ont quelque peu entaché cette soirée, avant que tout rentre dans l'ordre vers 23 heures. Mais le mal était fait.
Les choses ne se sont pas calmées puisque des sabotages d'installations ont eu lieu, d'origine non-établies mais évidentes. Nouvelles tensions...si j'ose dire!
Et avant-hier soir, 28 décembre, un nouveau sabotage des installations a privé l'île d'électricité pendant plus de sept heures avec toutes les conséquences que cela induit. Comment vais-je retrouver mon congélateur, que j'ai tout de même presque vidé avant mon départ?
Et le conflit est dans l'impasse, ce qui rappelle de mauvais souvenirs. 

21.12.11

Touristes, revenez!

Ça y est , ils ont signé!
La grève avait repris lundi mais avec seulement 60 à 200 manifestants (selon les sources), aucun magasin fermé, ni les administrations, bref: le cœur n'était plus à reconduire un mouvement aussi dur qu'en octobre.
Alors on s'est réuni, 2 fois, et on a trouvé un accord de sortie de crise hier. Pas beaucoup de progrès mais il fallait sauver la face. Les diminutions de prix seront accompagnées par l'État, mais jusqu'en mars seulement, date à laquelle seront versés les premiers RSA (mais à seulement 25 % du taux pratiqué en métropole!) avec effet rétroactif au 1er janvier. Les bons de 5 € qu'on appelle déjà les bons Penchard combleront le reste pour les plus démunis.
Donc tout le monde est content, à commencer par la ministre elle-même qui s'est félicitée (décidément j'adore cette expression!) en rappelant bien sûr que le gouvernement a toujours tenu ses promesses, et l'intersyndicale qui crie victoire et surtout qui appelle à la reprise du travail.

La deuxième bonne nouvelle est un gros appel du pied aux touristes: les principaux lieux touristiques seront surveillés à compter du 1er janvier et pour 6 mois par des équipes formées à partir des 60 CES qui vont être recrutés, payés par l'État.  Il s'agira même, n'ayons pas peur des mots, d'« améliorer l’accueil et l’information des visiteurs » et de « favoriser le contact, les scènes de convivialité entre les visiteurs et la population locale ». Des thèmes qui ont déjà été abordés dans le passé, sans succès jusqu'à maintenant. Le Comité du tourisme souhaiterait également « impliquer la population dans l’art d’accueillir et d’informer les visiteurs » directement sur les sites touristiques.
On ne demande qu'à y croire, on espère que ces bonnes résolutions seront rapidement suivies d'effets, mais il y a beaucoup à faire, et aussi qu'elles arrivent jusqu'aux oreilles de tous les touristes potentiels.
Le plus urgent est de sécuriser ces sites car les "jeunes" Mahorais encouragés par leurs échauffourées avec les forces de l'ordre en octobre se sont rendus maîtres des lieux et rançonnent les promeneurs inconscients qui s'y aventurent encore. Et la nuit ils cambriolent les résidences des wasungus. (mzungu au singulier, wasungu(s) au pluriel)
C'est donc un immense soulagement pour tous ici: espérons que tous vont retrouver le sourire et que les communautés vont se débarrasser rapidement de ces propos nauséabonds lus ici ou là.
Enfin, Mayotte sera représentée au Salon de la Plongée à Paris du 13 au 16 janvier, histoire de faire connaître ce trésor qu'est le lagon mahorais et donc de faire (re)venir les touristes.

19.12.11

Bo Houss

Cadeau avant les fêtes!
Je vous ai déjà présenté Bo Houss,  avec sa Marseillaise version Mayotte.
Houssamouddine Kordjee de son vrai nom est un des meilleurs artistes Mahorais depuis plusieurs années.
Comme il vient de remporter la 3ème édition du prix Musiques Océan Indien à La Réunion ce weekend, il nous offre son dernier album, Shimaoré Tu, ce qui signifie "juste shimaorais".
Cette manifestation était initialement prévue à Mayotte en octobre mais annulée en raison des grèves.
Bo Houss joue une musique entre rap et hip-hop et ses paroles sont plutôt sages et généreuses, défendant avant tout l'identité de son île.
Bo Houss et son groupe ce weekend

Dans le commentaire laissé par la maison de production de Bo Houss, on vous informe que les paroles de ses chansons sont téléchargeables en shimaoré et en français sur http://www.akout.com/bohouss/
Comme dit mon copain Marc le DJ, c'est le meilleur!

17.12.11

Apocalypse Mayotte

Paru dans Le Point.fr, un article pour mieux comprendre Mayotte.
Le point de départ est la fin de la grève de 44 jours contre la vie chère, le 6 novembre dernier.
La reprise de la mobilisation est annoncée pour lundi prochain, et la ruée vers le riz se poursuit, telle une psychose, avec même des blessés.

Apocalypse Mayotte
Le Point - Publié le 15/12/2011 à 01:41
Explosif. Le 101e département français sombre dans le chaos. Reportage.
Au dernier jour des barrages, les syndicats ont mobilisé le Coran ; dans le sud de Mayotte, des Fundis venus des villages, les vieux sachants de l'islam vêtus de tuniques blanches, mènent des prières au carrefour de Bandrélé ; une foule de femmes en pagne, au visage maquillé de bois de santal, des jeunes au genre rappeur mais coiffés de la coufia, la toque des jours de fête. Et, surveillant le tout, l'élite syndicale qui bloque l'île depuis six semaines. Nous sommes le 6 novembre, la grève contre la vie chère touche à sa fin."Pas facile de mobiliser quand le salariat n'existe pas, constate Kaffar Djamiloudine, numéro deux de la CGT. La vie chère, tout le monde comprend. Si on avait demandé une hausse des salaires, avec 38 000 salariés sur 200 000 habitants, ça ne concernait personne."
Kaffar, chemise blanche de rocker, est un instituteur formé sur le tas ; 1 300 euros par mois."Avec ça, je suis un nanti !" Son épouse est secrétaire au conseil général : "Elles sont 40 comme elle à ne rien faire ; elle a été prise dans le sillage d'un politique. C'est le système." Kaffar a été formé par la CGT à Montreuil, roublard et marxiste à la fois. Et les prières ?"Sans elles, on n'a pas les mammas. On montre notre respect des traditions ; ça rappelle aux vieux les prières pour le rattachement à la France, il y a quarante ans." Les Fundis se sont tus. Boinali Said, leader CFDT, harangue en langue shimaoré. Il paraphrase Mirabeau. "Le peuple mahorais ne se séparera pas sans avoir d'avoir rendu la République plus juste !"
Ainsi lutte-t-on à Mayotte, le 101e département, entre sourates et slogans."Pour nous comprendre, abandonne les idées reçues", plaide le sénateur Thani Mohamed, avocat de 39 ans. Donc, contempler une apocalypse sans préjugés. Voilà une île, Mayotte-Mahoré, qui a voulu rester française contre la décolonisation, aujourd'hui un département ruiné dès sa naissance ; le conseil général ne paie plus ses factures, plombé par un clientélisme de survie et ses 3 000 employés ; l'économie est trustée par des Européens, le tourisme squelettique, quand l'île est une merveille ; le français est une langue étrangère, ignoré dans les familles, appréhendé à l'école, plutôt mal que bien. Ici, l'Etat chasse l'immigré venu des Comores ; on le traque, on l'embarque par paquets dans des camions grillagés ; parfois, la justice condamne l'Etat qui a expulsé un Français par erreur. La grève n'aura été qu'un chaos de plus.
Ici naissent 8 000 enfants par an, quatre fois plus que dans la Nièvre, de population comparable."Le rythme des constructions scolaires ne pourra jamais suivre le rythme de l'utérus des Mahoraises", aurait lancé le vice-recteur pour justifier le manque de classes. La phrase est devenue la preuve du mépris métropolitain, une injustice au surplus : "Comment peut-on accuser les Mahoraises ? Ce sont les Comoriennes qui ignorent la contraception", s'indigne Faouzia Cordjee, référence du féminisme local. Qu'importe : Mayotte se surpeuple. On peut accoucher dans un lit d'hôpital que l'on quitte après 24 heures, faute de place ; ou dans la voiture des pompiers, que les femmes appellent au dernier moment, par peur : on expulse aussi les femmes enceintes. On peut accoucher dans un bidonville, sur le sol en terre battue d'une case... L'île-hippocampe, verte et chaude, est un enfer social. Mamoudzou, la capitale, est un embouteillage égayé de publicités pour portables. Les radios invitent les habitants à remplir leur déclaration de ressources pour obtenir des allocations. Des gangs apparaissent. Pourtant, Mayotte attire, îlot français dans un archipel miséreux vers lequel convergent des Comoriens sur des barques surchargées.
Roukia, 17 ans, a un rêve : récupérer ses carnets de notes de l'an dernier, quand elle était bonne élève en quatrième. Ses parents, renvoyés à Anjouan, aux Comores, n'ont pas pu recevoir le bulletin. Elle reste dans sa maison de tôle, dans le quartier de Majicavo-Koropa, près de Mamoudzou, avec huit frères et sœurs, et une grand-mère qui ploie la journée dans les campagnes, à cueillir des légumes qu'elle revendra. Roukia a un autre rêve : que ses parents reviennent. Ils risquent la noyade en essayant. En allant au collège, elle s'inquiète de son contrôle de SVT. Et elle a faim. Ça pourrait être pire. Depuis le début de la grève, les gendarmes ne descendent plus dans son bidonville. Sa tante ne dort plus dans les champs, sa cachette des temps ordinaires. Dans un autre bidonville, on rencontre Nadjma, autre Anjouanaise de 17 ans, et deux enfants déjà, le premier d'un viol à 12 ans. Elle était en CM2 et n'est jamais retournée à l'école. Presque une routine.
Parias. Ils sont 6 000 mineurs isolés, estimation courante, dans une île de 200 000 habitants. Six mille enfants dont les parents ont été expulsés, laissant leur progéniture en France. Ce sont les enfants de la lutte contre l'immigration. Seule une association, Tama, s'occupe de leur sort. Ils sont souvent nés à Mayotte, donc en France, seront français s'ils ne s'empêtrent pas dans leurs dossiers, conservés précieusement dans des chemises en plastique - certificat de naissance, bulletins scolaires... Mais, en attendant, des parias. Les sans-papiers forment un tiers apeuré de la population. On voit parfois, sur le toit d'une habitation mahoraise, une cabane de fortune : celle du clandestin. Il est une coutume appelée moussada, l'entraide : je t'aide à construire ta maison, tu me nourris. Le moussada a bon dos, pour faire suer le Comorien. Il construit la maison du Mahorais, cultive son champ, n'est pas payé ; dénoncé parfois. Jadis, Mahorais et Comoriens formaient un peuple de cousins. Ce passé se purge dans le mépris."Elle a détourné des hommes", dit une éducatrice mahoraise, quand elle découvre une gamine de 13 ans, enceinte, prostituée dans un bidonville. D'autres interpellent des gendarmes qui embarquent les clandestins : "Ne laissez pas les femmes, elles vont voler nos maris !"
"Cette chasse aux immigrés empoisonne l'île de sa violence" , dit Me Thani . Quand la grève a commencé, en septembre, la violence s'est échappée. Les Mahorais ont découvert que les gendarmes pouvaient brutaliser des citoyens français. Un enfant de 9 ans, Nassuir Oili, est devenu borgne : un gendarme lui a tiré dessus au Flashball. Un homme est mort dans une manifestation. Des magasins ont été pillés, des Métropolitains molestés. Sous le département, la colonie n'a jamais disparu.
Ce n'était pas écrit, pourtant, quand Mayotte était vouée à la pêche, à la cueillette et au désintérêt d'un colonisateur lointain. En 1975, Mayotte choisit la France contre les Comores. C'est le début du malentendu. Tous les confettis de l'empire se sont construits contre Paris. Mais ici, pas de Césaire ou de Fanon. La colonie, c'est la liberté ! Mayotte est un oxymore. Le statut de département, entériné en 2009, aura été la revendication unique des élus."Du coup, on a négligé tout le reste", constate Thani. La France n'a pas mis l'île au niveau de son rêve. L'Etat a ouvert des écoles, des collèges, un hôpital. Insuffisamment. Un architecte idéaliste, Vincent Liétard, a quadrillé l'île de cases en dur, les "maisons SIM", et inventé un personnage de BD, Bao, petit Mahorais philosophe face au chaos quotidien. Mayotte a été une épopée ; mais les pionniers étaient blancs.
Junk food. En 1980, un voilier aborde l'île. A bord, Lukas et Ida Nel, deux Sud-Africains de 24 ans. Ils ont fait fortune dans des vidéo-clubs. Mayotte doit compter 50 000 habitants, 50 Européens peut-être. Les Nel importent des vivres ; ils ont branché un congélateur sur le générateur d'un notable local."On n'avait pas de téléphone ; Lukas faisait décoller son avion pour passer ses commandes par radio." Un jour, Ida trouve l'idée : "Un plat facile à partager ; à l'époque, les Mahorais mangeaient en famille dans une assiette commune." Ainsi naissent les mabawas, des ailes de poulet à frire ; elles deviennent l'aliment fétiche du Mahorais, pour lequel l'île s'est révoltée en 2011. Les cueilleurs de bananes et pêcheurs sont devenus carnivores de junk food.
"Le mabawa, c'est la partie la plus grasse, la plus dégueulasse du poulet, rage Faouzia Cordjee.Ida Nel s'est enrichie sur notre santé. Elle a amené la bière et l'alcoolisme ; avant, on buvait en cachette du vin de palme ! " Ida, veuve, millionnaire et prométhéenne, se demande pourquoi Faouzia lui en veut."Faire du commerce, c'est mal ? Les Mahorais veulent être fonctionnaires ou assistés. Avec Lukas, on a pris nos risques." (Aujourd'hui, Ida Nel est présidente de la Chambre de Commerce et d'Industrie, la CCI)
Ainsi est née Mayotte l'hybride. Française mais aliénée. Pas d'économie réelle mais des emplois politiques, ou une débrouille gênée par les nouveaux règlements. Les Mahorais, qui construisent leurs maisons selon des droits coutumiers, apprennent le cadastre et vont découvrir les joies des impôts locaux. La terre, parie-t-on, sera la prochaine cause de révolte. L'arrivée de la Sécurité sociale a exclu de la santé la foule des sans-papiers, qui se presse aux consultations de Médecins du monde.
L'inégalité ravage tout. Les Blancs, les m'zungus, en haut du pavé : toubibs, fonctionnaires, qui doublent leur salaire métropolitain. Ensuite, des Mahorais propriétaires ou salariés, émargeant à la modernité. Puis les Mahorais de l'assistance. Puis les illégaux. Les strates sont - parfois - traversées de solidarités de pauvres. A Majicavo-Koropa, Ibrahim, policier municipal, a des voisins sans-papiers ; il a épousé une illégale, il a ramassé sur des plages des immigrants noyés ; il répugne à chasser le Comorien."Tout le monde vit mal et je ne suis pas heureux ; je ne peux rien donner à mes enfants."
Rappeur. La télévision apporte l'écho d'un monde inatteignable. Le cinéma de l'île est fermé : le conseil général, propriétaire, ne pouvait plus payer les films ! La crise est identitaire. Faux département, fausse colonie, coupée de ses voisins. Les jeunes s'ennuient et rêvent. Dans le nord, au bord d'une plage de paradis, Kamil, dit Daddy Faya, fringué stylé au fond de la brousse, fait du raggamuffin sur des ordinateurs essoufflés dans son banga, sa case de terre. Sa maman le nourrit, qui vit d'allocs et de gardes d'enfants. Ses clips passent sur Kwezi, la chaîne branchée. Il ira à Limoges, peut-être, "pour découvrir qui je suis". Il y connaît des gens."Ça ressemble à quoi, Limoges ?"
Kamil rêve de France ; d'autres font le chemin à l'envers. A M'tsapéré, près de Mamoudzou, un jeune homme de 25 ans tisse sa culture hybride. Bo-Houss, fils d'un prof d'arabe et de Coran, a étudié en métropole, avant de revenir. Il est vedette du rap mahorais, qu'il psalmodie en ténor des îles. Crâne rasé, lunettes teintées, Bo-Houss fait beau gosse de métropole, mais ne pense qu'à conjuguer ses racines."Je suis d'ici, dit-il, embrassant la mer et la vieille mosquée. Et je parle de notre vie ; nos jeunes, qui veulent être inscrits dans le monde." Il chante une "mahoraise" sur l'air de Rouget de Lisle ; il remercie Allah et son père rétif au rap."Je me sens chez moi aux Comores, à la Réunion, à Madagascar. Les immigrés qu'on expulse, ce sont nos copains." Bo-Houss a été invité aux Francofolies de La Rochelle. On lui demande s'il est français."C'est une bonne question", dit-il, puis se tait. Mayotte commence peut-être avec son silence
CLAUDE ASKOLOVITCH, ENVOYÉ SPÉCIAL À MAYOTTE

Retards
64 % des élèves de CE1 de Mayotte ont échoué en 2011 à l'évaluation nationale en français, contre 8 % dans tout le pays. Ce seul chiffre donne la mesure du retard de l'île, que l'Etat ne compense pas. On dépense proportionnellement moins pour Mayotte que pour les autres DOM (3 613 euros par habitant, contre 5 056 à La Réunion).

Histoire
1841 Mayotte est vendue à la France par son sultan, qui veut se protéger de ses voisins.
1974 Les Mahorais refusent l'indépendance pour ne pas être comoriens.
2009 Mayotte devient un département.(effectif en 2011)
2011 Le préfet Denis Robin impose la baisse du prix de la viande pour mettre fin à une grève de six semaines.

9.12.11

Ruées vers l'or blanc et l'or noir

Il y a des signes très inquiétants depuis quelques jours.
Tout d'abord, le préavis de (reprise de) grève a été déposé hier, après un essai de négociations sur la durée de la baisse des prix des denrées de base, que les syndicats voudraient illimitée et que l'accord proposé limitait à fin mars.
Puis il y a eu un autre préavis de la part d'EDM (électricité de Mayotte), le prestataire unique de la précieuse source d'énergie, à partir du 21, avec des coupures prévues, ce qui est très embêtant surtout pour tous les "vacanciers" de fin d'année, c'est-à-dire, vous l'aurez compris, nous les métropolitains en priorité.
Depuis 2 ou 3 semaines, c'est donc la ruée vers les sacs de riz, que certains achètent par 5 ou 10 (voire 15!) sacs de 10 kg, au début par crainte d'une pénurie consécutive aux inondations thaïlandaises, approvisionnement majeur ici, puis de peur de revivre la disette connue en octobre suite à la fermeture forcée des magasins pendant la première période de grève. Chat mahorais échaudé craint l'eau froide, surtout qu'il n'est déjà pas gras.
Aujourd'hui, grève surprise chez Total, avec une autre annoncée pour la semaine prochaine, en raison du licenciement d'un employé reconnu coupable d'être "parti avec la caisse". Et quand on sait qu'à Mayotte, chez "Total, vous ne viendrez pas chez nous par hasard" car c'est le seul distributeur, et que les grèves du pétrolier sont dures et récurrentes, c'est la panique aux pompes et son corollaire, les files d'attente.
Alors tous se préparent à une nouvelle période difficile, prennent toutes leurs dispositions comme si un cyclone devait s'abattre sur l'île, mis à part le reclouage des tôles. Et un cyclone n'est pas à exclure...
Donc, quand je partirai en métropole, je devrai vider mon réfrigérateur-congélateur, barricader mon appartement après y avoir tout rentré moto comprise, et quand je rentrerai de métropole en janvier, il me faudra du riz et des conserves dans mes valises, de l'essence dans ma voiture, que la barge ne soit pas en grève, qu'il n'y ait pas de barrages et que je m'attende à être cambriolé quand même!
Mais ce n'est peut-être qu'un scénario-catastrophe.

4.12.11

Touristes, fuyez!

La phrase de la semaine, lâchée par un leader syndicaliste Mahorais:

"Ceux qui veulent venir pour les fêtes de fin d’année à Mayotte, c’est pas la peine !"

Bien sûr, il faut peut-être y voir un zeste de provocation et d'avertissement quant à l'échec des négociations en cours, mais si on y réfléchit "à la métropolitaine", c'est une provocation de plus pour les Mzungus.
La reprise de la grève lundi 19 décembre est brandie comme la seule issue possible, et ce n'est pas une bonne nouvelle. Beaucoup de voix s'élèvent contre la désinvolture et le jusqu'au boutisme des syndicats restant en lice pour l'ultime combat, d'autres s'interrogent sur la légitimité de leur soutien présenté comme massif, etc...
Il reste qu'avec des propos comme ceux-là, les touristes ne sont pas près de venir enrichir une économie aux soins intensifs, la confiance sera longue à revenir.
La Réunion, Maurice, Madagascar, Les Seychelles, Zanzibar, le Kenya, la Tanzanie, l'Afrique du Sud, toutes ces destinations dans la région sont préférées pour cette fin d'année.
Ici, en attendant mieux, il commence à pleuvoir régulièrement, les litchis de Madagascar (à 3,45 € le kg tout de même), sont les autres vedettes de la semaine et remplacent peu à peu les mangues à 2,40 € et il n'y a plus de salade! Mais on a retrouvé des oranges après 3 mois d'interruption et elles proviennent d'Égypte.
Et les bébés makis ont lâché leur mère et testent leur sens de l'agilité dans les acrobaties... Tous n'y arrivent pas! C'est la nature.