14.10.11

"Nous avons été naïfs"

C'est une des remarques désabusées que l'on a pu entendre ce soir.
"Marie-Luce Penchard s’est exprimée devant les Mahorais vendredi en fin d’après-midi. Elle a proposé plusieurs solutions qui n’ont pas convaincu un public qui l’a copieusement sifflée, une fois le discours terminé.
Elle était attendue. Parfois de pied ferme. Sur la place du marché de Mamoudzou, un drap blanc avait été monté pour retransmettre en direct l’allocution de la ministre de l’Outre-mer, mais celui-ci n’a pas résisté à la colère des locaux qui l’ont arraché. Sur la place de la République, un millier de personnes environ s’était rassemblé pour écouter les mots de la ministre venue alors que depuis plusieurs semaines "un mouvement contre la vie chère", dixit le communiqué du ministère, secoue l’île. Dans son allocution, la ministre a tenu à rappeler aux Mahorais en préambule le soutien de l’Etat à travers sa présence. "Je serai toujours aux côtés de Mayotte et des Mahorais. Nous croyons à la volonté de changement des Mahorais, nous croyons au développement de Mayotte", a-t-elle assuré. Mais elle était évidemment attendue sur les réponses qu’elle allait apporter pour sortir de la crise.
Le shimaoré censuré
Après avoir rencontré les locaux dans l’après-midi et avoir "entendu les plaintes sur la vie chère", elle a annoncé l’ouverture d’une enquête sur les marges et la régulation du prix du gaz comme dans les autres territoires d’Outre-mer et la baisse des prix des biens de première nécessité, "une première avancée". Les familles les plus modestes (-600 euros/mois de revenus et inscrites à la CAF) auront droit à une réduction supplémentaire de 5 euros/mois par produit parmi une liste de 10 jugés de première nécessité. Une mesure qui devrait toucher 14000 foyers. Ce système devrait perdurer jusqu’en mars prochain. Sa présence ici était bien la preuve que l’Etat "jouerait son rôle", et qu’elle "prendrait ses responsabilités". Conspuée à la fin de son discours, elle a dû se rendre compte qu’elle n’avait guère convaincu un public, déjà à vif. Ainsi, la traduction du discours en shimaoré, à la fin de celui-ci, a été coupée par les manifestants qui appelaient au retour des syndicalistes bloqués en Petite-Terre."  Source: Mayotte 1ère
De crainte de ne pas pouvoir repartir, elle est restée sur Petite-Terre. Un signe.
La foule était encore très nombreuse sur la place de la République (ainsi baptisée depuis la départementalisation) qui a été rebaptisée par les manifestants place Zakia Madi, du nom de l'une des plus ferventes "chatouilleuses", partisanes de Mayotte française, qui a été tuée par balle en 1969 au cours d'une manifestation; tout un symbole.
Les Mahorais avaient une certaine confiance en la ministre, ce qui est assez courant ici, même si certains se doutaient qu'elle n'apporterait pas LA solution. Déçus, en colère, certains se sont dirigés vers une grande surface de Mamoudzou pour la piller et l'incendier. Les forces de l'ordre ont empêché le pire. Alerté, le président du Conseil Général est intervenu à la télévision pour appeler tous les Mahorais à rentrer chez eux. Mais certains sont restés bloqués sur Petite-Terre, l'unique barge de service minimum ayant cessé ses aller-retours. 
Que se passera-t-il demain? Mayotte retient son souffle, sur fond de pénurie.

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