"Dégâts irréversibles" "Paralysie totale" "Mise en danger de la population" : les titres de la presse sont alarmants.
Le préfet, lui, se dit "très vigilant à ce que le conflit ne tourne pas au conflit interethnique". Carrément!
Hier, la situation s'est vite dégradée. Je m'en suis aperçu quand je suis arrivé à mon école à 6h45 et en sentant tout de suite que le nuage de fumée au-dessus de Tsoundzou 1 était un nuage de gaz lacrymogènes. De plus près, c'était la guérilla urbaine, une fois de plus, et mon directeur et moi-même nous sommes retrouvés entre les policiers et les manifestants (jeunes), donc sous les gaz et les pierres! Nous sommes vite partis vers une ruelle.
Évidemment, l'école a été fermée une fois de plus comme beaucoup d'autres. Comme aujourd'hui (pas d'élèves). De toutes façons, la plupart de mes collègues n'ont pas pu se déplacer car les barrages se comptaient par dizaines.
En effet, les négociations s'éternisant, les meneurs de la grève ont concocté un plan B qui consiste à asphyxier Mamoudzou, le chef-lieu, en bloquant la circulation dans toute l'île. Depuis 2 jours, Mamoudzou est déserte. Même Petite-Terre est coupée de Grande-Terre car il n'y a plus de barges (sauf pour les urgences heureusement).
Ailleurs dans l'île, les ambulances restent bloquées entre deux troncs d'arbres (hélitreuillage des urgences), des établissements scolaires sont fermés, laissant une jeunesse déjà désœuvrée un peu plus dans la rue, et qui érigent donc des barrages, des dockers ne peuvent se rendre au seul port de commerce à cause des dits barrages et ne peuvent décharger le porte-container qui devait repartir aujourd'hui comme il est venu, ce qui va provoquer une pénurie de denrées alimentaires, une économie bloquée, paralysée depuis 4 semaines avec à la clef des pertes d’emplois, un magasin de bricolage saccagé par une quarantaine de voyous, des dizaines de voitures brûlées...
Mais plus grave des automobilistes qui se font agresser, un hôtel caillassé dans la journée par plusieurs commandos d'une quinzaine de jeunes car cet hôtel héberge des gendarmes mobiles et qui se fait évacuer en cours de journée en bateau sous une pluie de pierres, des habitations ont été pillées à Tsoundzou après que les portes ont été fracturées et les habitants terrorisés, des cambriolages à la pelle.
Et un lourd climat social qui revient et pour longtemps semble-t-il.
Des rumeurs invraisemblables circulent, apeurant un peu plus les habitants (intervention de l'armée, menace de venger le Mahorais décédé mercredi dernier œil pour œil).
La grève continue jusqu'à mardi au moins car le médiateur rendra ce jour le rapport qu'il est en train d'établir. Et les magasins sont à nouveau fermés. Heureusement qu'on a pu se ravitailler un peu car même s'ils rouvrent, il n'y a plus rien dans les rayons.
Ce soir, on annonce l'arrivée de métropole d'un ancien préfet de Mayotte mercredi prochain...
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