12.1.12

Pas de répit pour les clandestins

Il existe parfois dans l'actualité des télescopages étonnants.
Nous sommes rentrés des vacances australes mercredi et j'avais 2 absents dans ma classe. Avec les fortes averses qui s'abattent en ce moment, cela aurait pu être pire.
Un des absents est revenu ce matin. J'avais appris par ses camarades hier que sa mère a été arrêtée par la police en début de semaine et, étant en situation irrégulière comme les parents de beaucoup de nos élèves, il n'avait pas eu de ses nouvelles depuis. Son père est dans le même cas et ils étaient cachés dans la "campagne", eux et les 4 frères et 2 sœurs. Évidemment, pas de travail, quelques fruits ou légumes à vendre.
Hier, les images du discours de notre ministre de l'intérieur vantant le bilan record de sa politique de reconduite aux frontières des étrangers en situation irrégulière ont été diffusées au JT du soir. 33000, record battu!
Et là, les Mahorais sachant compter comme les autres ont certainement été surpris: notre préfet a annoncé en décembre que 26400 Comoriens ont été renvoyés à Anjouan en 2011. Il n'y aurait eu que 6600 Roumains et autres ressortissants africains reconduits en métropole?
Que s'est-il passé?
Réponse: M. Guéant n'a pas inclus dans son record les outremers, qui doivent représenter environ 40000 expulsions, la Guyane complétant presque à elle seule le score de Mayotte.
Pourquoi? La République s'arrêterait-elle pour ces questions aux limites de l'Hexagone? Notre ministre serait-il devenu modeste, minimisant sa performance?
Ou bien le sujet serait-il délicat à aborder en période pré-électorale? Pas de triomphalisme colonialiste!

Dessin de Xavier Delucq:
j'ai remplacé 'charter' par 'Maria Galanta' nom du charter (maritime) local.
Il reste que le rapprochement de ces deux actualités m'a touché, mon élève pleurant (intérieurement) sa mère et la froideur statisticienne du gouvernement, c'est perturbant.
Bien sûr, Mayotte ne peut pas accueillir plusieurs milliers d'habitants sans travail, sans ressources, mais cette politique a ses limites, puisque beaucoup reviennent et d'autres tentent toujours l'aventure.
Les autorités ont acquis un 3ème radar, un 4ème est annoncé pour décourager davantage les passeurs qui s'enrichissent avec ce trafic dangereux (on parle de 4000 morts depuis le début, une trentaine par an peut-être actuellement).
Parfois, des individus sont renvoyés trop vite (3 condamnations en octobre), ou sans jugement pour ceux qui y auraient droit (on expulse et on juge après), des mauvais traitements ont été révélés avant-hier.
Les Mahorais sont plutôt discrets sur ce point, pas franchement pour les conditions de ces renvois (encore que ...), mais pas contre non plus.
En tous cas, même si je n'en ai pas beaucoup parlé ces derniers mois, les rafles et expulsions n'ont jamais cessé, même pendant les événements.

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