4.2.12

"Droit dans le mur"

La formule est sévère et pourtant, elle n'a pas été prononcée sous le coup d'une quelconque émotion mais au contraire de façon tout à fait réfléchie par le Procureur de la République cette semaine.
Revenant sur les événements d'octobre en marge de la grève contre la vie chère, Philippe Faisandier parle de troubles liés « à la pleine mutation de Mayotte », mais qui ont provoqué « une montée de la violence et de la délinquance des jeunes, avec des agressions à l’arme blanche, des affaires de rackets de la part de gamins âgés de 12 à 13 ans, parfois isolés, mais surtout échappant au contrôle de parents dépassés, abdiquant ».
Et, rappelant que tous les acteurs sont concernés par une action commune « justice, État, éducation nationale, élus des collectivités locales, Conseil Général, monde associatif » ce qui supposera de la part de l’État et des collectivités, le vote de budget sans quoi « nos lendemains seront douloureux ». Pour lui, « la répression a ses limites, j’en veux pour preuve les 14 mineurs incarcérés à Majicavo pour une capacité de 6 places de détention » et « à ne pas suffisamment travailler ensemble à la prévention de la délinquance des mineurs, nous faisons fausse route et allons droit dans le mur ! ».
Et de décliner les insuffisances en matière de postes d’éducateurs agréés, de familles d’accueil et de foyers d’accueil, « il n’existe aujourd’hui qu’un seul foyer pour 7 places, alors que nous avons la population la plus jeune de toute la République ! »
C'est dit et bien dit.
Tous ont remarqué ici que depuis octobre, les jeunes se sont senti pousser des ailes les autorisant désormais à tenter des actions qu'ils n'osaient pas auparavant. Caillasser la police, barrer les routes pour racketter est à leur portée et peu se sont fait prendre. Les cambriolages ont explosé.
Ma petite "résidence" a par exemple été visitée au moins 6 fois en quelques semaines, avec vols et dégradations, même si nous avons réussi à les faire fuir 2 fois. 

Alors il est fréquent d'entendre que, comme le prédit le Procureur, les prochaines années seront très difficiles car de plus en plus de jeunes sont livrés à eux-mêmes, incontrôlables, et la société ne pourra proposer un emploi qu'à une infime minorité d'entre eux. Les perspectives sont donc très inquiétantes.

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