30.9.11

Impasse + tension = grand danger

La situation ne s'arrange pas.
Nombreux blocages encore à Mamoudzou, barrages sauvages aujourd'hui dans le nord et nord-ouest de l'île où les jeunes attendent la police pour les caillasser, qui leur répond avec des gaz, opérations coup-de-poing des manifestants pour obliger les grandes surfaces à fermer leur rideau car ils sont accusés de n'avoir pas répercuté la baisse de 10 % sur  les mabawas comme décidé tard hier soir avec le préfet.
Mais partout, des nerfs à vif, de la suspicion voire des remarques à relents racistes envers les mzungus.
J'étais ce soir à Mamoudzou pour l'ouverture du festival du cinéma dont je reparlerai dans un autre message. Évidemment, la séance a été annulée, sans information d'ailleurs, mais je m'en doutais.
Après avoir été dévié par la police, je parviens néanmoins au centre où j'ai pu voir un quartier en guerre: rues obstruées, poubelles et mobilier urbain arrachés et jetés sur la chaussée, barrages de toutes sortes (terre, troncs, pneus, agglos, carcasses de voiture, etc...) et des policiers équipés "Robocop" partout, mais qui sont plus discrets.(pas de photos, ce seraient les mêmes)
Je me suis promené vers les grévistes (18h30, il faisait nuit) et j'ai eu la mauvaise idée de sortir mon téléphone. Aussitôt, j'ai été entouré par des bouénis (femmes) qui m'avaient sans doute à l'œil depuis un moment. Là, on m'a soupçonné d'être des RG, de vouloir filmer ou photographier (là, ce n'était pas faux) et surtout qu'"on ne voulait pas de blancs ici parce qu'on ne les avait pas vus manifester avec nous!" J'ai bien essayé de leur dire que je n'étais pas contre elles, mais elles parlent si fort que j'ai abandonné. "Il vaut mieux partir, on ne veut pas de blancs avec nous!" Les hommes ne disaient rien, d'ailleurs je venais de discuter paisiblement avec 3 d'entre eux quelques minutes avant. Au moins, on avait parlé du vrai problème: la vie chère ( + 60 % en 14 ans selon l'INSEE avec un smic ici à 1000 €).
 Mais voilà, pas question de filmer: une équipe de télé a encore été attaquée aujourd'hui, les photographes pros sont molestés.
Il se dégage une impression de danger, de malaise, comme si tout pouvait dégénérer rapidement, et les mzungus ne seront pas épargnés, au moins par certains.
Les vacances scolaires ont commencé, qui jetteront encore plus de jeunes dans la bataille, les négociations d'aujourd'hui n'ont rien donné (les syndicats réclament une baisse de 30 % sur toutes les denrées de base immédiatement) et ne reprennent que lundi normalement, denrées qui commencent à manquer et distributeurs de billets qui se vident: tout semble en place pour les dérives les plus dangereuses.
Et on n'en parle pas en métropole... s'il y a un mort, peut-être?

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