17.6.12

Un mariage mahorais

...ou plutôt comorien, d'où sont issus presque tous les invités, de NGazidja (Grande-Comore) précisément.

Un mariage aux coutumes comoriennes est, pour nous occidentaux, complètement différent. L'impression que j'en retiens est de la joie, de la dignité, du respect (moi seul mzungu invité et donc différent par essence, j'ai pu le mesurer) et de la fierté.
J'avais rendez-vous "chez" le marié, bien qu'il n'habite pas exactement dans cette maison. Mais elle n'est pas trop éloignée de celle de sa promise donc pour y aller à pied en cortège, c'était mieux.
La maison était déjà pleine d'effervescence et les cadeaux (côté marié) s'étalaient sur le sol.

Des produits de beauté, des paires de chaussures, du parfum,
des salouvas, des savons et bien sûr des bijoux en or, massif ou non.
En vert, la tenue du marié.
Les femmes ont continué de se préparer au milieu des chants (déjà!) dans les pièces d'à côté pendant que les autres se restauraient un peu (sucré, salé).
Le marié se préparait également et après une heure de retard, il est sorti.
Accompagné d'un ami, la canne du marié à la main.

Le cortège s'est formé et a rejoint la maison du père de la mariée au milieu des youyous.
Là, celui-ci nous a accueillis dans un discours aux intonations religieuses.
Illustration du célèbre portage sur la tête et arrivée chez la mariée.
Les hommes sont entrés, et moi avec, pendant que le père de la mariée a compté devant tous les invités la dot apportée par le prétendant. Ici, c'était un oncle car les parents de la mariée sont à Anjouan.
Les hommes en premier, accueil chez la mariée.

Décompte proclamé en public
Moja, mbili, traru, nne, tsano, sita, saɓa, nane, shendra, kumi, kumi na moja, kumi na mbili! (douze fois 100 €), le compte y est, re-discours, prières et chants de joie. Ça y est, vous savez compter en shiMaore.
L'union pourra être célébrée (les mariés le sont déjà car ils sont passés devant le cadi qui a légitimé selon le coran le mariage).
La personne qui m'a fait entrer dans le mariage m'avait dit qu'elle me mettait avec les hommes mais je n'avais pas saisi sur le moment l'importance du propos.

Dans les assiettes, sambos (samoussas en langue locale), beignets de viande épicée.

Au menu: riz, zébu (un a été abattu pour l'occasion) en ragoût, mataba,
putu (piment) et lait caillé en boisson, avec aussi eau et l'inévitable cola.
Dans une assiette, chacun a mis un billet de 10 €.
Dans la première pièce était dressée une table avec 8 couverts, c'est tout. C'était la table d'honneur, celle du marié, et on m'y a installé à sa gauche, avec 6 autres hommes. J'étais plutôt intimidé et honoré! Les autres ont mangé je ne sais pas où, dehors en tous cas, et les femmes dans une autre maison proche.
Durant notre repas, des femmes ont chanté avec une joie et un enthousiasme non feints, d'autres nous ont servis, nous ont rafraîchis, épongés et même fait boire le lait caillé, le marié et moi. Très impressionnant, agréablement s'entend.
Pendant notre repas, les cadeaux pour la mariée lui ont été transmis sans que l'on puisse l'apercevoir.
À la fin de notre repas, le marié m'a dit en comorien que l'on allait voir la mariée.
Elle a attendu pendant notre repas à 5 mètres de nous, sur son lit où les cadeaux étaient dispersés.
Nous nous sommes levés et tour à tour l'avons saluée (embrassée).

L'histoire de ces 2 là n'est pas banale: monsieur est réputé être un fundi, c'est-à-dire un notable, un personnage qui "sait". Lui aurait des pouvoirs de guérisseur et a guéri madame d'une certaine maladie, des mauvaises langues m'ont dit qu'elle n'avait pas toute sa tête...
Puis nous avons quitté la maison de la mariée. Chacun s'est vu remettre un petit sac contenant gâteaux-maison, popcorns, bonbons et boissons.
































La suite de la fête s'est déroulée sur le plateau sportif du village. Un orchestre et des danseuses ont assuré pendant trois heures la fin du mariage.
Les mariés assisteront aux danses sur ce canapé spécialement aménagé.
Les décorations de Noël sont très souvent utilisées ici pour les événements religieux.
Place aux images pour vous faire vivre la musique et les chants (les ukumbi) qui ont rythmé la journée et ici, l'arrivée de la mariée au bras d'un oncle sous les poignées de riz, puis il y aura l'arrivée du marié et ensuite,tous deux sont restés presque toute la soirée assis à regarder les invités s'amuser.

Le marié fait son entrée accompagné par mon amie Zaïnaba et 50 personnes les suivent.

Tour à tour, tous les invités se bousculent pour venir saluer ou embrasser la mariée après avoir caressé son visage avec un billet de 10 € qu'elle dépose ensuite sur sa robe.
Les chanteuses arboreront elles aussi les billets récoltés pour leur prestation, épinglés sur leur salouva ou glissés dans leur poitrine.
Cette fête se terminera vers 20 heures. Elle se déroule bien entendu sans alcool et rares sont ceux à avoir fumé pendant cette journée.
Aux Comores, les festivités durent 4 jours!

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