28.9.10

Difficile mutation de Mayotte

Non, il ne s'agit pas de nos mutations mais de celle de la société Mahoraise qui a adopté par vote à 95 % le pacte pour la départementalisation.
Voici un exemple de ce qui arrive presque fréquemment ici, et qui s'est déroulé le 16 septembre : une grève.
Ce matin-là, dès qu’on a pris la voiture à 6 h 25, on a vite vu, allez savoir pourquoi, que ça ne serait pas une journée ordinaire. On avait bien entendu à la radio du coin qu’il y avait une grève des transports scolaires depuis deux jours, que les bus avaient entrepris ce matin-là, au 3ème jour, de bloquer toute la circulation sur l’île en faisant des opérations escargot (et quand on connaît la taille des escargots ici !...), mais on pensait qu’on ne serait pas concernés. Que nenni ! (non, ce n’est pas du mahorais) Avant même d’arriver sur la route qui fait le tour de l’île, qu’on voyait bloquée au loin, v’la t’y pas que des collégiens s’avisent de nous barrer la route avec des troncs d’arbre car ils ont pensé que c’était l’occasion de mettre le b.........l en disant qu’ils n’étaient pas contents de ne pas pouvoir aller à l’école (mon œil !). Bon, avec ma diplomatie légendaire (si si n’ayons pas peur des mots!), je les ai convaincus que ce n’était pas nous qu’il fallait emm….,  car on était des profs. Croyez-le si vous voulez mais les profs ici on les respecte encore. Donc ils obtempèrent, et nous laissent nous glisser avec délice dans un embouteillage de 6 km (pour ce qui nous concernait) jusqu’à nos écoles respectives où nous arrivâmes vers 8 h 20 ! Oui, 2 h pour faire 6 km… Une fois arrivés, surprise : des
gendarmes armés jusqu’aux dents avec l’arsenal anti-émeutes au complet (sauf peut-être la lance à eau) parce qu’un flic avait reçu une pierre dans le visage et était parti à l’hôpital.
Après la bataille : le car de CRS au fond (ils ne m'ont pas laissé faire de photos plus près),
la grille qu'ils ont utilisée pour se protéger des pierres et autres projectiles


Plus loin à distance respectueuse (pas fous), des gamins de tous âges et surtout des primaires, qui une nouvelle fois me laissent passer sans caillasser ma  voiture parce que certains m’ont reconnu (C’est Jean –Pie’’e, c’est Monsieur Jean-Pie’’e !), ce que c’est que la célébrité tout de même ! En arrivant à mon école, pas d’élèves ! École vide ! Plus tard, 4 ou 5 se présentent, mon directeur leur dit d’aller en chercher d’autres et le reste de la matinée s’est déroulé avec 10 élèves donc garderie. Sur le reste de l’île des bagarres des routes bloquées des flics caillassés des barrages sur toutes les routes avec des bananiers, des jantes, des tôles, tout ce qui traîne ici et ça ne manque pas. Tout ça par des lycéens collégiens, et des plus jeunes (8 – 10 ans mais où sont les parents) qui ont confisqué la manif des conducteurs.
 Pour Brigitte, des élèves étaient dans la cour, assis et à un moment, ils se sont levés et sont partis dans tous les sens pour sortir en sautant par-dessus le grillage ! Ils en ont gardé la moitié soit 300 et garderie.
 On a l’impression qu’ici, tout peut partir très vite. Il faut comprendre, dans ce cas précis, que ce qui pose problème c'est l'apparition et l'application du droit commun. Avant, pour avoir un marché (ici celui du ramassage scolaire), on s'entendait avec ceux qui étaient bien introduits et basta ! Maintenant, c'est la procédure complète: cahier des charges, appel d'offre, etc ... Il y en a à qui ça ne convient pas et donc, avant de discuter, on fait grève ! De plus, avec tous les jeunes qu'il y a ici, tout est difficile à contrôler et la situation peut vite échapper aux organisateurs!
Donc les grèves sont fréquentes et vite paralysantes. On attend la prochaine...
JP

Aucun commentaire: