28.9.10

On en voit le bout

Vendredi 24 septembre

 On coupe le sceau n°180229


Notre conteneur, arrivé le 30 août (parti le 22 juillet de chez nous), nous a enfin été livré aujourd'hui après bien des péripéties dues à un changement d'interprétation des textes par un zélé contrôleur des douanes. Mayotte, bien que Française est hors Union Européenne et donc considérée comme territoire d'importation : on n'importe pas ce qu'on veut. Nous n'avions donc finalement droit qu'à un véhicule par famille et la moto a été taxée comme 2ème véhicule. Mais ils n'ont pas découvert le Champagne...

Enfin libres !

Donc, deuxième emménagement. Weekend cartons, branchement ordi de Brigitte et Corentin a retrouvé une moto ! ( la première louée était tombée en panne et le scooter de remplacement lui aussi )
Aaaah ! On commence à se sentir chez soi !

Difficile mutation de Mayotte

Non, il ne s'agit pas de nos mutations mais de celle de la société Mahoraise qui a adopté par vote à 95 % le pacte pour la départementalisation.
Voici un exemple de ce qui arrive presque fréquemment ici, et qui s'est déroulé le 16 septembre : une grève.
Ce matin-là, dès qu’on a pris la voiture à 6 h 25, on a vite vu, allez savoir pourquoi, que ça ne serait pas une journée ordinaire. On avait bien entendu à la radio du coin qu’il y avait une grève des transports scolaires depuis deux jours, que les bus avaient entrepris ce matin-là, au 3ème jour, de bloquer toute la circulation sur l’île en faisant des opérations escargot (et quand on connaît la taille des escargots ici !...), mais on pensait qu’on ne serait pas concernés. Que nenni ! (non, ce n’est pas du mahorais) Avant même d’arriver sur la route qui fait le tour de l’île, qu’on voyait bloquée au loin, v’la t’y pas que des collégiens s’avisent de nous barrer la route avec des troncs d’arbre car ils ont pensé que c’était l’occasion de mettre le b.........l en disant qu’ils n’étaient pas contents de ne pas pouvoir aller à l’école (mon œil !). Bon, avec ma diplomatie légendaire (si si n’ayons pas peur des mots!), je les ai convaincus que ce n’était pas nous qu’il fallait emm….,  car on était des profs. Croyez-le si vous voulez mais les profs ici on les respecte encore. Donc ils obtempèrent, et nous laissent nous glisser avec délice dans un embouteillage de 6 km (pour ce qui nous concernait) jusqu’à nos écoles respectives où nous arrivâmes vers 8 h 20 ! Oui, 2 h pour faire 6 km… Une fois arrivés, surprise : des
gendarmes armés jusqu’aux dents avec l’arsenal anti-émeutes au complet (sauf peut-être la lance à eau) parce qu’un flic avait reçu une pierre dans le visage et était parti à l’hôpital.
Après la bataille : le car de CRS au fond (ils ne m'ont pas laissé faire de photos plus près),
la grille qu'ils ont utilisée pour se protéger des pierres et autres projectiles


Plus loin à distance respectueuse (pas fous), des gamins de tous âges et surtout des primaires, qui une nouvelle fois me laissent passer sans caillasser ma  voiture parce que certains m’ont reconnu (C’est Jean –Pie’’e, c’est Monsieur Jean-Pie’’e !), ce que c’est que la célébrité tout de même ! En arrivant à mon école, pas d’élèves ! École vide ! Plus tard, 4 ou 5 se présentent, mon directeur leur dit d’aller en chercher d’autres et le reste de la matinée s’est déroulé avec 10 élèves donc garderie. Sur le reste de l’île des bagarres des routes bloquées des flics caillassés des barrages sur toutes les routes avec des bananiers, des jantes, des tôles, tout ce qui traîne ici et ça ne manque pas. Tout ça par des lycéens collégiens, et des plus jeunes (8 – 10 ans mais où sont les parents) qui ont confisqué la manif des conducteurs.
 Pour Brigitte, des élèves étaient dans la cour, assis et à un moment, ils se sont levés et sont partis dans tous les sens pour sortir en sautant par-dessus le grillage ! Ils en ont gardé la moitié soit 300 et garderie.
 On a l’impression qu’ici, tout peut partir très vite. Il faut comprendre, dans ce cas précis, que ce qui pose problème c'est l'apparition et l'application du droit commun. Avant, pour avoir un marché (ici celui du ramassage scolaire), on s'entendait avec ceux qui étaient bien introduits et basta ! Maintenant, c'est la procédure complète: cahier des charges, appel d'offre, etc ... Il y en a à qui ça ne convient pas et donc, avant de discuter, on fait grève ! De plus, avec tous les jeunes qu'il y a ici, tout est difficile à contrôler et la situation peut vite échapper aux organisateurs!
Donc les grèves sont fréquentes et vite paralysantes. On attend la prochaine...
JP

26.9.10

Découverte jour après jour

La vie quotidienne à Mayotte : ici, la vie est douce et "tranquille" (météo entre 25 et 30°C rafraîchis par des alizés, pour le moment, paysages magnifiques dont on se lasse jamais, lagon  turquoise, limpide et chaud avec ses fonds d’une rare beauté….), même si un gros boulot nous attend à l’école et si le développement de l’île fait apparaître de nombreux problèmes sociaux (souvent des grèves et des blocages ici), souvent plus marquants qu’en  métropole, à cause de l’insularité et plus aigus à cause de la départementalisation.
Les mahorais sont accueillants, souriants. Ils disent tous bonjour. Ils vivent essentiellement dans la rue.
Partout, des minis marchés sont sur le bord des routes où l’on peut acheter fruits et légumes pour pas cher. 
Ce sont en général des fruits et légumes produits par les vendeurs 
même si parfois ils peuvent provenir de Madagascar ...


On y trouve aussi des ailes ou des brochettes de poulet grillées.
Heureusement que ces marchés existent, car les produits tous importés que les 2 seuls supermarchés de l’île proposent sont hors de prix ; le caddie de 150€ en métropole passe ici à 350€. Et sans certains produits
inaccessibles (ex : nutella : 9,50€ le gros pot).
 Des bananes, il y en a de plusieurs variétés 


 Des marchés, on en trouve partout !

 Les mahorais sont assez festifs et sportifs. Dans chaque village, il y a plusieurs plateaux où se retrouvent chaque jour les jeunes pour des tournois sportifs. 

La période du Ramadan a été très festive. Le jour de l'Aïd-el-Fitr (fin du jeûne), c'est la fête partout et tout le monde s'habille en conséquence (même les tout-petits!)

Des tournois (ici de foot à Coconi) sont organisés dans chaque village 



 Et les spectateurs sont au rendez-vous avec un speaker en direct live !


 Poussière et herbe très rare sur tous les terrains en cette saison


La tribune officielle !


 En revanche, le problème de l’immigration des Comoriens est très présent, et dans les écoles, nous avons de nombreux enfants scolarisés, nés à Mayotte, mais dont les parents sont en situation irrégulière ou ont été reconduits à Anjouan. Les enfants des parents reconduits sont confiés en tutelle à des familles mahoraises. Certains sont pour ainsi dire livrés à eux-mêmes et nous devons les repérer mais doit-on les signaler aux autorités ? En théorie oui ...
Ce n’est vraiment pas évident pour nous car nous avons des difficultés pour avoir des contacts avec ces familles dans les écoles. 
Et, il y a les enfants des parents expulsés qui  ne sont pas scolarisés, d’où une délinquance croissante qui se traduit d’abord par des vols de nourriture, puis des cambriolages…

Notre rentrée

CôtéArrivés le vendredi 20, juste le temps de se poser un peu, de faire connaissance avec quelques magasins pour acheter le minimum vital comme ravitaillement et meubles, il faut déjà rentrer !
Le lundi 23, nous sommes allés au vice-rectorat pour avoir notre affectation. Nous avons choisi des postes dans le village de Tsoundzou (village de la commune de Mamoudzou, "capitale" de Mayotte), Jp à Tsoundzou II et moi à Tsoudzou I. Le jour de la pré-rentrée, JP découvre qu’il est sur un CP et moi sur un CM2 : une heure plus tard, avec l’accord du vice-rectorat et de l’inspectrice, nous interchangions nos postes. Nous sommes dans deux écoles séparées d’environ 1 km, à 5 km de la maison, mais nous n’évitons quand même pas la queue de l’embouteillage journalier occasionné par le trafic dû à l’embauche de la population à Mamoudzou, principal pôle d’emploi.
Donc, alors que nous mettons à peine 10 minutes en milieu de journée, il faut compter entre 20 et 30 minutes en période de pointe.
Mais, revenons à nos écoles, et là, il faut faire un bon en arrière d’environ 80 ans. Nous sommes tous les deux dans des écoles classées Zone d’Education prioritaire. Jp est dans une école de 28 classes. Il travaille en alternance une semaine le matin de 7h00 à 12h10 et une semaine l’après-midi de 12h25 à 17h35. Comme il n’y a que 14 salles de classes dans son école, deux collègues se partagent une salle. Eh oui !! trop d’élèves et pas assez de structures (Il faut savoir qu’à Mayotte, sur les 200 000 habitants, 65% ont moins de 17 ans) ! Donc, classe de CM2 avec 27 élèves dont certains ne maîtrisent pas complètement le déchiffrage. Et, oh, utopie, il devra quand même faire passer les évaluations nationales !!!!!! Quant à moi, je suis dans une école d’application de 21 classes. J’ai 24 charmantes petites têtes noires de 5 et 6 ans, la plupart ayant été scolarisés en GS, ce qui relève encore de l’exploit ici, mais tous ne maîtrisent pas la langue française, problème majeur ici dans les écoles.








Mon école, neuve et déjà taggée!
Rentrée trépidante et qui nous met tout de suite dans l’ambiance locale. En effet, nous n’avons dans les écoles aucun matériel. JP a eu un stylo rouge par enfant + une ramette de feuilles blanches, mais il a dans son école, une photocopieuse qui fonctionne, quelques manuels pédagogiques et des ordis, mais sans internet. Moi, j’ai la chance d’être dans des locaux neufs, mais dans la classe, il y a des tables, des chaises et des placards….vides. La photocopieuse est en panne depuis la rentrée et il n’y a aucun manuel pédagogique (pourtant, l’école existe depuis plusieurs années). Il y a une super salle informatique ultra moderne, mais aucun ordinateur en vue. Quant à la bibliothèque, aucun album en vue. Et pas de matériel pour les élèves non plus. Et ici, pas question de demander aux parents d’acheter quoi que ce soit. D’ailleurs, les enfants n’ont pas de cartables, ils ont un petit sac à dos dans lequel ils mettent un petit goûter. Pas question de leur donner de matériel à emporter à la maison car nous ne le reverrions pas, donc pas de devoirs non plus ! Alors, pourquoi pas de matériel bien que chaque classe ici soit dotée d’un budget de 800€ !

Cela semble être un problème récurrent à Mayotte, mais encore pire cette année. Jusqu’en 2007, les commandes étaient faites par le vice-rectorat, mais depuis 3 ans elles sont devenues la compétence des communes. Cependant, celles-ci ne tiennent pas compte des conseils du vice-rectorat et n’ont pas finalisé les fameuses commandes pourtant passées par les écoles en janvier. Total, elles vont être envoyées maintenant et nous aurons le matériel en… janvier…….peut-être !!!!!! Et bien, je peux vous dire que, sans matériel ni cahiers, il faut être inventif et faire appel au système D pour parvenir à faire quelque chose d’un peu construit. Bref, vous avez compris que c’est le gros bazar (et je reste polie !!). Vous comprenez maintenant pourquoi j’attends le container avec autant d’impatience !!!!







Aux récrés, ceux qui n'ont rien avalé depuis le matin ou à midi peuvent 
 acheter des friandises aux "mamas" pour 10 centimes à travers la grille de l'école.


À part cela, j’ai changé 5 fois de liste d’élèves depuis la rentrée. Le second jour, j’avais 48 élèves dans ma classe, une centaine de nouveaux CP arrivant de l’école de JP dans la nôtre. Depuis, j’en ai toujours eu 24 ou 25, avec des glissements de 4 ou 5 différents chaque jour. Mercredi dernier (8 septembre), l’inspectrice a imposé qu’une classe de CP primo-arrivants (enfants non francophones n’ayant jamais été scolarisés) soit créée, donc tout a encore basculé.

Depuis ce lundi 13, j’ai enfin mon effectif définitif. La tâche va être rude car non seulement le niveau est très très faible, mais les enfants ont aussi du mal à se concentrer ; ils ne sont pas habitués à être cadrés, à suivre des consignes, puisque dès tout-petits, ils sont livrés à eux-mêmes dans la rue. Alors, 5 heures par jour à l’école, c’est compliqué pour eux. En revanche, ils sont polis, respectueux et toujours d’humeur joyeuse. 
Donc, ici, on apprend vite à rester ZEN sinon on « pèterait vite les plombs ». On va dire que tout ceci fait partie du folklore local, et n’oublions pas que tout le système éducatif est à construire et qu’en France cela a pris près de 150 ans. En 15 ans, cela n’est déjà pas si mal. Je travaille donc du lundi au vendredi de 7h00 à 12h10, les élèves finissant à 11h10 les mardis et jeudis, ces deux heures étant réservées à ceux qui ont besoin de l’aide personnalisée.

Brigitte


 La cour de l'école de JP

Premières impressions

Donc, voilà! Notre arrivée sur l'île a été très dépaysante.
 Après avoir atterri sur "Petite Terre" et avoir récupéré les bagages et le chat sous le "hangar-aéroport", nous avons traversé la partie qui nous sépare de "Grande Terre" en "barge" (15 mn de traversée).


Puis nous avons retrouvé notre proprio et en route pour Tsararano, notre nouvelle résidence familiale,Notre maison

En faisant le voyage du port jusqu’à chez nous, voici les paysages surprenants qui s’offrent à nous : on a beau s’être informés avant et savoir, on avait largement sous-évalué ce qui nous attendait.


Ce qui saute aux yeux, ce sont les "habitations"  principalement sous forme de cases en tôle et les rues jonchées de débris divers et variés.
Bref, la précarité et le manque de propreté pour employer un euphémisme, sont une évidence dans les zones habitées.

21.9.10

Le grand jour

Jeudi 19 août
Ça y est, c'est le grand jour, le grand voyage, même si Champion n'a pas l'humeur d'un grand voyageur.
Mouchoirs blancs sur le quai de la gare d'Angoulême et c'est parti : au revoir Maman, Nadine, Clément et mon cher directeur.
Puis Roissy et l'envol !
Dans l'avion, c'est pas mal du tout, malgré les turbulences habituelles; bon mais c'est long ! Impossible de dormir ou si peu, et le soleil qui se lève et l'atterrissage à Saint-Denis sous la pluie. Encore un peu d'attente (la fatigue commence à se faire sentir) et re-départ pour notre destination finale...
                                                                Survol de Madagascar

et l'arrivée, avec un méga-freinage impressionnant car la piste de Dzaoudzi ne fait pas des kilomètres!!

ON EST ARRIVÉ !
                                                                    Merci l'avion  ...





                                                         Tout de suite, libérer Champion !

Et après, la découverte de l'île.